Bunia, 3 juillet 2025 – Les violences en Ituri atteignent un seuil critique selon le récent rapport du groupe d’experts de l’ONU. Ce document accablant, couvrant jusqu’en avril 2025, attribue à la milice CODECO/URDPC l’essentiel des atrocités commises dans cette province déchirée par un conflit intercommunautaire persistant. Les attaques systématiques contre les sites de déplacés internes soulèvent une question brûlante : jusqu’où ira l’impunité ?
Les enquêteurs onusiens documentent des massacres répétés où la CODECO/URDPC apparaît comme principal bourreau. « Les dirigeants n’ont pas garanti l’obligation de rendre des comptes », constate le rapport, dénonçant une culture interne de tolérance aux exactions. Recrutement d’enfants et violences sexuelles touchent toutes les communautés, deux fléaux massivement sous-déclarés malgré leur caractère endémique.
Le déploiement unilatéral de troupes ougandaises (UPDF) dans les territoires de Mahagi et Djugu a jeté de l’huile sur le feu. Comment Kampala justifie-t-il cette présence au-delà des frontières ? Le rapport établit surtout le soutien actif des autorités ougandaises à Thomas Lubanga et Innocent Kaina, deux criminels sanctionnés. Basés à Kampala, ils ont créé des mouvements politico-militaires ouvertement hostiles au gouvernement congolais.
L’orpaillage illégal en RDC constitue le nerf de la guerre. CODECO, URDPC et le groupe Zaïrois contrôlent des sites miniers dans l’arrière-pays de Djugu et Mahagi. Plus grave : des parlementaires congolais impliqués dans ce trafic auraient versé des fonds à la CODECO. L’or extrait illégalement d’Ituri continue d’être écoulé via Kampala, alimentant un cycle infernal de violences.
L’émergence de nouveaux groupes armés dirigés par d’anciens chefs de guerre condamnés complique la donne. Thomas Lubanga, ex-détenu de la CPI, a officiellement lancé en mars sa « Convention pour la Révolution Populaire » (CRP). Son manifeste dénonce pêle-mêle corruption et tribalisme, mais son passé interroge. Innocent Kaina, co-responsable de crimes contre l’humanité, mène une offensive parallèle. La représentante spéciale de l’ONU Bintou Keita a fustigé cette résurgence lors d’une intervention au Conseil de sécurité.
Alors que les services médicaux s’effondrent sous les attaques, le conflit intercommunautaire en Ituri s’enlise dans une logique mortifère. Les liens transfrontaliers, le trafic minier et l’impunité des commanditaires forment un cocktail explosif. Sans pression internationale accrue sur Kampala et sanction des réseaux financiers, les rapports se succéderont tandis que les civils paieront le prix fort.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd