Imaginez une école où les murs tremblent au moindre vent, où les élèves suivent les cours dans des bâtiments de bois menaçant ruine. C’était le quotidien de l’école primaire de Makene depuis sa création en 2005. Mais ce mardi 1ᵉʳ juillet, une première pierre symbolique a changé la donne dans cette localité reculée de Kekelibo, à 30 km de Beni au Nord-Kivu.
La MONUSCO a officiellement lancé les travaux de construction de trois salles de classe en dur, un projet qualifié d’historique par la directrice Solange Kavira Katubuke : « C’est une première dans l’histoire de notre établissement. Nous avons reçu des appuis pour des réhabilitations, mais jamais une construction solide comme celle-ci », a-t-elle confié, les yeux brillants de gratitude. Comment ces nouvelles infrastructures scolaires transformeront-elles le quotidien des 250 élèves qui, jusqu’ici, étudiaient dans des conditions précaires ?
Le colonel Marcel Kaloni, administrateur assistant du territoire de Beni, a présidé la cérémonie en soulignant la logique derrière ce choix géographique : « Ce lieu peut sembler reculé, mais il a été choisi pour rapprocher l’école des enfants des zones rurales ». Un positionnement stratégique qui répond à un besoin criant d’infrastructures scolaires dans le Nord-Kivu, région meurtrie par des années de conflits.
Ce projet éducatif s’inscrit dans le cadre des initiatives à impact rapide de la MONUSCO, conçues pour apporter des solutions tangibles aux communautés vulnérables. D’une durée de trois mois, les travaux devraient s’achever juste à temps pour la prochaine rentrée scolaire. Une course contre la montre justifiée par l’urgence d’offrir un environnement d’apprentissage décent.
Mais l’engagement de la mission onusienne va plus loin : parallèlement aux salles de classe, des bureaux pour les services du genre, de la jeunesse et des affaires sociales sortiront de terre. Une approche holistique qui questionne : les infrastructures scolaires suffisent-elles à elles seules à relancer l’éducation dans ces zones oubliées ? Le colonel Kaloni semble penser que non, insistant sur le caractère multidimensionnel de l’intervention.
Cette construction à l’EP Makene représente bien plus que du béton et des tôles. Elle symbolise un changement de paradigme dans l’aide éducative en RDC, passant des réparations palliatives à des investissements durables. Reste à voir si ces initiatives à impact rapide sauront créer un effet d’entraînement pour d’autres écoles du territoire de Beni, où près de 60% des établissements fonctionnent encore dans des bâtiments précaires. Le défi des infrastructures scolaires dans cette région demeure immense, mais chaque pierre posée construit aussi l’espoir d’une génération.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net