« Combien d’enfants devront dormir le ventre vide ce soir dans l’Est de la RDC ? » Cette question hante les humanitaires confrontés à une réalité brutale : le plan de réponse humanitaire 2025, chiffré à 2,54 milliards de dollars, ne dispose aujourd’hui que de 11,2% des fonds nécessaires. Un sous-financement aide humanitaire RDC qui condamne des millions de personnes à la précarité extrême.
Vendredi 27 juin 2025, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la voix d’Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires de la Mission permanente congolaise, a tremblé d’urgence : « Nous faisons face à une situation catastrophique. Sur les 21,2 millions de Congolais affectés par les conflits armés et les catastrophes naturelles, à peine 11 millions pourront être assistés si ce gap de 88,8% n’est pas comblé ». Son plaidoyer souligne l’ironie tragique d’un plan réponse humanitaire 2025 lancé en grande pompe mais asphyxié par l’indifférence financière.
Dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, épicentres des conflits armés Est RDC, les conséquences sont palpables. Des mères comme Béatrice, rencontrée dans un camp de déplacés près de Goma, racontent l’enfer au quotidien : « Hier, j’ai partagé une poignée de farine entre mes trois enfants. Le plus jeune pleure sans cesse, son ventre gonflé par la faim ». Ces témoignages illustrent une crise alimentaire Est Congo qui s’aggrave chaque jour avec la persistance des violences.
Le cercle vicieux est implacable : les combats entre groupes armés bloquent l’accès aux champs, les déplacements massifs surchargent des camps insalubres, et le manque de financement ONU RDC réduit les distributions alimentaires. Le Programme alimentaire mondial a déjà dû diminuer de 30% ses rations dans le Kivu. « Quand les camions de nourriture n’arrivent pas, c’est la révolte ou la résignation », soupire un travailleur humanitaire sous couvert d’anonymat.
Cette crise s’inscrit dans un contexte mondial de régression de la solidarité. Le Bureau de coordination de l’ONU (OCHA) a annoncé en juin une coupe budgétaire historique, passant de 44 à 29 milliards de dollars pour l’aide mondiale. Une décision qui frappe de plein fouet la RDC, classée parmi les « hyper-priorités » théoriques mais abandonnée dans les faits. Comment expliquer ce décalage entre les discours et les actes ? Les bailleurs internationaux semblent plus sensibles aux crises médiatisées qu’aux urgences chroniques.
Pourtant, les spécialistes alertent sur l’effet domino. Le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix, rappelle que « la faim est le terreau de la récidive violente ». Dans les territoires contrôlés par des milices, des adolescents s’engagent pour un repas quotidien. La malnutrition infantile, elle, crée des séquelles irréversibles : à Bukavu, les centres de santé enregistrent une hausse de 40% des cas de retard de croissance.
L’appel lancé depuis New York résonne comme un ultime avertissement. Sans un engagement immédiat des donateurs, c’est toute une génération qui risque de sombrer. Alors que le spectre de la famine plane sur Gaza et le Soudan, la communauté internationale parviendra-t-elle à ne pas sacrifier la RDC sur l’autel de l’urgence géopolitique ? La réponse déterminera le sort de millions d’innocents pris en étau entre les kalachnikovs et l’oubli.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd