Dans un contexte où l’agression rwandaise en RDC et les crises multiformes menacent l’intégrité territoriale, l’appel du Chef de l’État Félix Tshisekedi en faveur de la cohésion nationale trouve un écho singulier chez Vital Kamerhe. Le président de l’Assemblée nationale, également tête de l’UNC, a martelé ce lundi 30 juin 2025 une vérité implacable : « Il ne peut y avoir de gloire ni de prestige à se désolidariser de la cause nationale ». Une déclaration qui sonne comme un réquisitoire contre les velléités divisionnistes, dans un pays où les intérêts particuliers rongent souvent l’intérêt supérieur de la Nation.
Le ton solennel de Kamerhe, qualifiant l’appartenance nationale d’« unique identité qui vaille en temps de crise », traduit-il une prise de conscience tardive ou une stratégie politique calculée ? Son injonction à « bannir la haine » et à « dépasser nos égos » intervient alors que le pouvoir semble enfin ouvrir les portes à un dialogue inclusif au Congo. Après des mois de résistance, Félix Tshisekedi a en effet consenti à recevoir la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), porteuses d’un « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble ». Un revirement qui soulève des questions sur la sincérité des conversions soudaines à l’unité nationale.
Les confessions religieuses, présentées par Kamerhe comme « affranchies de toute affiliation politique », jouent désormais un rôle d’arbitre inédit. Leur initiative, saluée par le président de l’Assemblée, vise à organiser un forum national traitant « les causes profondes des conflits ». Pourtant, leur diagnostic porte un avertissement subtil au gouvernement : les initiatives diplomatiques actuelles, notamment sous l’égide du Qatar et des États-Unis, restent « insuffisantes » pour résoudre la crise de l’Est. La CENCO et l’ECC pour la paix insistent sur la nécessité d’une solution endogène, un message que Kinshasa ne peut plus ignorer.
Le Chef de l’État a d’ailleurs instruit la mise en place d’une commission spéciale chargée d’approfondir les échanges avec les églises. Les travaux ont déjà débuté, selon les responsables religieux. Mais cette ouverture contrôlée suffira-t-elle à apaiser les tensions ? Vital Kamerhe en appelle à la responsabilité historique des acteurs : « Bénéficiant d’une oreille attentive du Chef de l’État […], il leur revient de faire triompher l’agenda de la paix ». Une délégation de pouvoir inhabituelle qui place les religieux en garants d’une unité que le politique peine à incarner.
Derrière les discours enflammés sur la cohésion nationale en RDC se cachent des calculs complexes. Le ralliement de Kamerhe à la cause présidentielle consolide-t-il son influence ou révèle-t-il les fissures d’un régime contraint à l’unité par la gravité des menaces externes ? La réponse se niche peut-être dans cette phrase lourde de sous-entendus : « Faire primer l’intérêt supérieur de la Nation » exige d’« oublier nos intérêts personnels ». Un idéal noble, mais dont la mise en pratique s’annonce ardue dans l’arène congolaise où les ambitions individuelles ont souvent primé sur le destin collectif.
Alors que la commission mixte entame ses travaux, l’ombre de l’agression rwandaise plane comme un catalyseur des divisions ou de l’unité. Le véritable test résidera dans la capacité des acteurs à transformer ce consensus de circonstance en engagement durable. Car si les mots de Kamerhe sonnent juste, ils rappellent cruellement une évidence : la cohésion nationale ne se décrète pas, elle se construit dans l’adversité partagée. L’histoire jugera si ce sursaut arrive à temps pour préserver l’âme d’une nation en péril.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
