La République démocratique du Congo a marqué de son empreinte l’Exposition universelle d’Osaka 2025, clôturant sa semaine dédiée ce lundi 30 juin par une cérémonie symbole. Cet événement coïncidait avec une date historique : le 65e anniversaire de l’indépendance congolaise, transformant le pavillon national en théâtre d’une double célébration sous les regards croisés d’opérateurs économiques congolais et japonais.
Devant ce parterre d’invités triés sur le volet, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a déployé une diplomatie économique audacieuse. Sa présence à Osaka 2025 ne relève pas du simple protocole, mais s’inscrit dans une stratégie de repositionnement international. « La RDC se présente comme un pays-solution, regorgeant d’opportunités inégalées », a-t-elle affirmé, martelant l’objectif de « consolidation du soft power congolais » et de création de « partenariats durables » avec Tokyo. Un discours qui résonne comme un manifeste pour attirer les investisseurs nippons dans les secteurs miniers, agricoles et technologiques.
Cette offensive diplomatique a trouvé un écho favorable auprès des autorités japonaises. Takashina Jun, commissaire général adjoint de l’Expo, a salué le « renforcement tangible » des relations bilatérales, promettant le transfert d’expertise technologique japonaise pour soutenir le développement congolais. Cet engagement mutuel dessine les contours d’un RDC-Japon partenariat stratégique, où le savoir-faire industriel nippon pourrait épouser les ressources naturelles colossales du bassin du Congo.
Mais comment la culture s’inscrit-elle dans cette équation géoéconomique ? La journée nationale a répondu par un spectacle époustouflant où traditions ancestrales et créativité contemporaine ont fusionné. Le Ballet national de Kinshasa, ambassadeur culturel de premier plan, a envoûté le public par ses rythmes envoûtants et ses chorégraphies narratives. En parallèle, l’orchestre Eagle Vision Tokyo – formation hybride réunissant musiciens congolais et japonais – a symbolisé cette interculturalité féconde, tandis que Tabou Fataki Junior, artiste congolais de la diaspora belge, a tissé des ponts musicaux entre continents.
Cette performance artistique n’est pas anecdotique ; elle constitue le socle émotionnel du soft power évoqué par Judith Suminwa. À travers le Ballet national Kinshasa Expo, la RDC démontre que sa richesse dépasse les minerais : elle puise dans un patrimoine immatériel capable de séduire les marchés globaux. Osaka 2025 devient ainsi une vitrine où se conjuguent performances économiques et rayonnement culturel.
Quelles perspectives découlent de cette séquence diplomatique ? D’abord, la RDC capitalise sur sa participation à l’Exposition universelle Osaka 2025 pour diversifier ses alliances, réduisant sa dépendance aux partenaires traditionnels. Ensuite, le 65e anniversaire de l’indépendance RDC, célébré sur le sol japonais, signe une maturité géopolitique : le pays n’est plus un acteur passif mais un partenaire exigeant. Enfin, ce rapprochement ouvre des chantiers concrets : transferts technologiques dans l’agro-industrie, formation aux énergies renouvelables, ou modernisation des infrastructures minières.
Le défi désormais ? Transformer les déclarations d’intention en projets structurants. Si le Japon apporte son savoir-faire, la RDC devra garantir stabilité et transparence. Cette semaine historique à Osaka aura posé les jalons d’une coopération asymétrique mais potentiellement mutuellement bénéfique – à condition que la dynamique survive au retour des délégations.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net