Ils sont revenus avec l’espoir de retrouver leur terre, mais ont découvert un paysage de désolation. Près de 850 000 personnes déplacées du territoire d’Irumu, en Ituri, ont regagné leurs villages entre 2021 et juin 2025. Ce retour massif, confirmé par la société civile locale après un recensement minutieux, ressemble pourtant à un nouveau calvaire. « Nos maisons ne sont plus que des cendres. Comment reconstruire une vie quand les écoles où étudiaient nos enfants et les centres de santé qui nous soignaient ont été réduits en poussière ? » s’interroge Pascal Kesezo, président de la société civile d’Irumu, la voix nouée par l’émotion.
Cette vague de retour des déplacés Ituri est directement liée à l’accalmie sécuritaire observée dans cette région meurtrie. Les opérations conjointes menées par les FARDC et l’armée ougandaise ont permis de démanteler plusieurs bastions rebelles dans le sud d’Irumu. Ajouté à cela, le respect de la cessation des hostilités par le groupe armé FPIC a créé une fenêtre de répit. Ces familles avaient fui les exactions sanglantes de groupes comme la CODECO et les rebelles ADF, cherchant refuge à Bunia, Kasenyi ou dans la chefferie de Walendu Bindi. Leur retour marque-t-il pour autant la fin du cauchemar ?
Malgré cette lueur d’espoir, le quotidien des retournés reste un combat. Les villages présentent des plaies béantes : pas un bâtiment public n’a été épargné par les belligérants. Les champs sont en friche, les points d’eau contaminés, et les rares structures encore debout menacent de s’effondrer. « Ces familles reviennent les mains vides, sans semences pour cultiver ni outils pour rebâtir », déplore Kesezo. La reconstruction des villages Ituri se heurte à une absence criante de moyens, transformant le retour en piège humanitaire.
Face à cette détresse, la société civile lance un cri d’alarme vers Kinshasa et la communauté internationale. « Nous avons des populations abandonnées qui survivent sous des bâches trouées, sans médicaments ni nourriture suffisante. Où est l’État congolais ? Où sont les promesses d’aide ? » interpelle le leader communautaire. Cet appel urgent résonne comme un test pour les autorités : sauront-elles transformer l’accalmie en paix durable ? La question est d’autant plus cruciale que des milliers d’autres déplacés observent encore depuis les camps, attendant un signal définitif de sécurité.
Le défi dépasse la simple reconstruction. Il exige une réponse coordonnée incluant désarmement des groupes armés FPIC et autres milices, relance agricole et appui psychosocial. Les pourparlers en cours à Aru doivent déboucher sur des engagements concrets. Car derrière les chiffres du retour des déplacés RDC se cache une vérité amère : sans infrastructures et sans perspectives économiques, cette paix fragile pourrait n’être qu’une trêve éphémère. L’Ituri mérite plus qu’un répit, elle exige une renaissance.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net