La scène musicale congolaise vibre au rythme d’une polémique envoûtante : la danse Magoda, cette chorégraphie suggestive comparée à une onde sismique culturelle, défie les canons établis de la moralité. Comme un tambour qui résonne dans la nuit kinoise, ce phénomène embrase les réseaux sociaux et interroge l’essence même de la création artistique en République Démocratique du Congo.
Imaginez une fusion explosive entre rythmes urbains et mouvements lascifs : le Magoda, né dans l’imaginaire de Tsha Batshuba, se caractérise par des rotations pelviennes et des déhanchés suggestifs évoquant l’acte charnel. Cette danse sulfureuse a transformé TikTok en une arène numérique où des milliers de jeunes congolais exécutent ces pas avec une désinvolture provocante, défiant les gardiens des traditions.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSA), tel un chef d’orchestre alarmé, a lancé un avis de recherche contre la créatrice de cette chorégraphie jugée « attentatoire aux bonnes mœurs ». Mais peut-on réellement entraver le flux créatif qui jaillit des rues de Kinshasa ? L’incident du Vélodrome de Kintambo en offre une illustration saisissante : lors d’un meeting politique, une danseuse d’Héritier Watanabe a électrisé la foule en exécutant le Magoda avec une audace calculée, transformant la scène en théâtre de la controverse.
La voix du velours des défenseurs de l’expression artistique libre s’élève contre ce qu’ils perçoivent comme une censure déguisée. « La musique congolaise a toujours repoussé les frontières du convenable », argumente un producteur sous couvert d’anonymat, évoquant les pas de danse révolutionnaires de l’ère Zaïko Langa Langa. Pourtant, les détracteurs dénoncent une « banalisation de la vulgarité » qui menacerait le tissu social.
Cette tension entre tradition et modernité crée une mélodie dissonante dans le paysage culturel. D’un côté, les festivals de danses traditionnelles comme le Ndombolo conservent leur pureté chorégraphique ; de l’autre, le Magoda représente cette nouvelle génération avide de rupture. Heritier Wata, en intégrant cette danse dans son répertoire, joue les équilibristes entre provocation marketing et adhésion à un mouvement générationnel.
Alors que la sortie officielle de la chorégraphie est prévue ce 4 juillet 2025, une question palpite dans l’air lourd de Kinshasa : cette danse incandescente marque-t-elle l’agonie des valeurs congolaises ou la renaissance d’un art libéré ? Le CSA, tel un métronome régulateur, devra trouver le tempo entre contrôle et créativité. En attendant, le Magoda continue sa ronde enivrante, ses pulsations résonnant comme un cœur rebelle dans la poitrine de la jeunesse congolaise.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc