Le président congolais Félix Tshisekedi a proclamé lundi que l’accord RDC Rwanda scellé à Washington le 27 juin inaugurait « une nouvelle ère de stabilité » dans la région des Grands Lacs. Lors de son allocution commémorant l’indépendance nationale, le chef de l’État a cependant tempéré cet optimisme en rappelant les attentes urgentes des populations de l’Est et la nécessité impérieuse de rendre justice aux victimes des conflits.
L’accord historique, paraphé sous l’égide du secrétaire d’État américain Marco Rubio, s’appuie formellement sur la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour Tshisekedi, ce document « ouvre la voie à une ère de coopération et de prospérité pour notre nation, la région des Grands Lacs et l’Afrique entière ». Mais cette déclaration de paix suffira-t-elle à apaiser des décennies de tensions ? Le président congolais souligne que la stabilité Grands Lacs demeure indissociable des négociations Doha Qatar en cours, qualifiant celles-ci de « processus diplomatique articulé » visant à rétablir l’autorité étatique sur l’ensemble du territoire.
Dans un hommage appuyé aux médiateurs internationaux, Tshisekedi a exprimé « la profonde gratitude du peuple congolais » envers les États-Unis, saluant « l’implication personnelle » de Donald Trump et son « leadership déterminant ». Le dirigeant congolais a également loué le rôle discret mais efficace de l’émir qatari Tamim Ben Hamad Al Thani, dont les bons offices ont « contribué à rapprocher les positions » entre Kinshasa et Kigali.
Néanmoins, le ton s’est fait plus ferme lorsque le président a évoqué les souffrances endémiques de l’Est congolais. « Les attentes de nos populations sont immenses, notamment celles de l’Est qui ont trop longtemps souffert », a-t-il martelé, ajoutant que son gouvernement abordait les négociations « avec détermination, dans le respect de notre souveraineté ». Cette déclaration paix de Tshisekedi s’accompagne d’une exigence intangible : « Nous continuerons à demander que justice soit rendue aux victimes de l’Est RDC, et que les responsables des atrocités répondent de leurs actes. »
S’adressant directement aux communautés meurtries des provinces orientales, le président a magnifié leur résilience : « À vous, mes sœurs et mes frères de l’Est, je dis que votre endurance inspire la nation. Vos souffrances n’ont pas été vaines. Elles nous poussent à rejeter toute solution précaire. » Ce message vise-t-il à rassurer une population sceptique face aux promesses récurrentes de paix ? Tshisekedi semble conscient que la crédibilité du processus dépendra de la concrétisation de ces engagements.
En conclusion, le chef de l’État a inscrit ces développements diplomatiques dans la symbolique de l’indépendance, affirmant que celle-ci constituait « un projet vivant à construire quotidiennement ». Si l’accord RDC Rwanda représente un tournant politique majeur, sa réussite réelle se mesurera à l’aune de deux critères : la pacification effective de l’Est congolais et l’établissement d’une justice transitionnelle pour les victimes. Les prochaines phases des négociations à Doha s’annoncent donc déterminantes pour transformer cette « nouvelle ère » proclamée en réalité tangible.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd