« Les acteurs locaux sont les mieux placés pour répondre efficacement, car enracinés dans leurs communautés, même dans les zones les plus difficiles d’accès ». Cette déclaration percutante de Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, résume l’ambition du symposium sur la localisation de l’aide humanitaire qui bat son plein à Kinshasa depuis lundi. Comment transformer durablement un système d’assistance où les organisations internationales captent l’essentiel des financements ? La capitale congolaise tente d’apporter une réponse concrète à cette épineuse question.
Organisée par le Conseil national des Fora des ONG humanitaires et de développement (CONAFOHD-RDC), cette deuxième édition du symposium national sur la localisation de l’aide humanitaire en RDC réunit décideurs et praticiens autour du thème « De Bukavu à Kinshasa : des nouveaux jalons pour le cadre de la localisation ». Après une première édition tenue à Bukavu en octobre 2023, l’événement vise à opérer un véritable « Reset à la congolaise » du système humanitaire. Trois piliers structurent cette refonte : un cadre juridique clarifié, des mécanismes de financement adaptés aux réalités locales, et une restructuration profonde des circuits d’assistance.
Le secrétaire général du ministère des Affaires humanitaires, Daniel Makiesse, a fermement réaffirmé l’engagement de l’État : « L’approche n’est pas uniquement congolaise, elle est mondiale. Mais ici, nous voulons qu’elle prenne une forme congolaise, avec des acteurs locaux forts et responsabilisés ». Cette volonté politique tranche avec les pratiques antérieures où les organisations internationales dominaient la chaîne de l’aide d’urgence. Le symposium sur la localisation de l’aide humanitaire en RDC cherche précisément à rééquilibrer cette dynamique, comme l’explique un participant : « Quand une crise survient dans l’arrière-pays, qui arrive sur le terrain en premier ? Les structures communautaires. Pourtant, elles ne reçoivent qu’une infime partie des fonds ».
Bruno Lemarquis a insisté sur l’urgence d’accroître les financement acteurs locaux : « Il s’agit de donner aux organisations nationales une voix et un pouvoir décisionnel réel ». Cette position rejoint les revendications de nombreuses ONG congolaises présentes à ce symposium aide humanitaire RDC. Elles dénoncent un système où moins de 3% de l’aide internationale transite directement par leurs caisses, malgré leur connaissance intime des terrains d’intervention.
L’innovation majeure attendue de ces assises est la validation, ce mercredi, d’un baromètre humanitaire Kinshasa. Cet outil de suivi annuel mesurera objectivement les progrès accomplis dans la localisation de l’assistance. « C’est un thermomètre indispensable », confie une responsable du CONAFOHD-RDC. « Pour la première fois, nous aurons des indicateurs précis sur la part réelle des financements directs aux structures congolaises, leur implication dans les prises de décision, et leur capacité opérationnelle ».
La localisation assistance Congo n’est pas qu’un concept technique. Dans les quartiers précaires de Kinshasa ou les villages du Kivu, elle signifie concrètement des réponses plus rapides aux crises alimentaires, un meilleur ciblage des personnes vulnérables, et une gestion transparente des ressources. Les participants espèrent que ce symposium historique marquera un tournant vers un modèle où l’expertise locale n’est plus minorée mais placée au cœur de l’action. Alors que la RDC fait face à l’une des plus graves crises humanitaires au monde, ce recentrage sur les acteurs nationaux pourrait bien être la clé d’une assistance enfin efficace et pérenne.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net