Dans l’effervescence créative qui pulse au cœur de Kinshasa, un souffle nouveau vient de balayer les ateliers et scènes congolaises. Ce lundi 23 juin 2025 restera gravé dans l’histoire culturelle nationale : la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a apposé sa signature au bas du décret statut artiste RDC, ce sésame tant attendu par des générations d’artistes. Comme une rumba aux accords longtemps suspendus qui trouverait enfin sa résolution, cette signature scelle la reconnaissance métiers artistiques Congo dans sa dimension la plus sacrée – celle de la dignité professionnelle.
Porté par la ministre Yolande Elebe Ma Ndembo, ce texte né dans le creuset du Conseil des ministres de mars dernier, dessine les contours d’une révolution silencieuse. Ne serait-ce pas là l’aboutissement d’un combat mené depuis l’indépendance ? Pour la première fois, peintres, musiciens, comédiens et danseurs voient leurs professions élevées au rang d’acteurs économiques légitimes. Le décret, fleuron de la loi culture 2025, tisse une toile protectrice où se mêlent accès à la formation continue, sécurité contractuelle et surtout, cette protection sociale artistes congolais si longtemps fantomatique.
Entre les lignes de ce document fondateur, on devine l’ambition d’une professionnalisation totale. Comment ignorer la portée symbolique de ces articles qui définissent enfin les métiers artistiques avec la précision d’un sculpteur ciselant son bois ? Les obligations fiscales adaptées, miroir des droits renforcés, esquissent un écosystème où l’artiste n’est plus un éternel quémandeur mais un contributeur actif au développement national. Me Glody Muabila de l’ADACO y voit un « jalon fondateur », soulignant la volonté politique du président Tshisekedi de transformer l’essai culturel.
La magie opère dans les détails : programmes de mentorat, adhésion aux sociétés de gestion collective, sanctions contre l’amateurisme débridé. Autant de balises qui transforment le chaos créatif en paysage structuré, où chaque talent pourra s’épanouir sans craindre le naufrage économique. Cette refonte s’inscrit dans la stratégie plus large du soft power RDC culture, cette diplomatie invisible qui place la création au cœur de l’unité nationale et du rayonnement international.
Pourtant, l’encre du décret ne sera-t-elle qu’un vœu pieux sans l’accompagnement des structures dédiées ? L’observatoire des métiers culturels, les agences professionnelles et la formation continue deviennent les instruments indispensables à cette symphonie réglementaire. Comme le rappelle subtilement le texte, la vraie victoire résidera dans la transformation de ces avancées normatives en réalité tangible pour les sculpteurs de Lubumbashi comme pour les danseurs de Goma.
Sous les projecteurs de cette réforme, se profile une renaissance économique insoupçonnée. Le secteur culturel, enfin reconnu dans sa dimension formelle, promet de contribuer aux recettes fiscales nationales tout en offrant une visibilité internationale inédite. N’est-ce pas là le plus beau des paradoxes ? Ce cadre juridique, né pour protéger les artistes, pourrait bien devenir le ferment d’un développement bien plus large, où chaque note de sebene et chaque coup de pinceau participeront à écrire une nouvelle page de l’histoire congolaise.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc