L’explosion des braquages à Kinshasa atteint un seuil critique. Depuis plusieurs mois, la capitale congolaise subit des attaques à main armée en plein jour. Commerces, pharmacies et agences de transfert d’argent sont systématiquement pris pour cible. Des bandits circulant à moto opèrent avec une audace troublante, parfois à proximité immédiate de commissariats ou de camps militaires. Comment expliquer cette recrédence alarmante du banditisme urbain ?
Face à cette insécurité militaire croissante, le commandant de la 14e région militaire a pris des mesures radicales. Vendredi 20 juin, le général major Stasin Kizimu a réuni ses troupes pour une causerie morale explosive. En présence du commissaire divisionnaire adjoint Israël Kantu Bakulu, patron de la police kinoise, il a fustigé les dérives inacceptables au sein des forces de l’ordre.
“La sécurité de Kinshasa est entre vos mains”, a-t-il martelé devant les militaires. Une question cruciale a été posée : “Assurons-nous la protection des populations ou sommes-nous devenus leurs ennemis ?” Le général a dénoncé un fait accablant : des braqueurs arrêtés citent régulièrement des militaires comme complices, soit pour fourniture d’armes, soit pour couverture opérationnelle.
Le numéro un des FARDC à Kinshasa a condamné sans ambigüité cette trahison : “Lorsque la population croise des hommes en tenue, elle doit se sentir en sécurité. Actuellement, c’est l’inverse. Certains sont devenus des voleurs, des bandits.” Le ton est monté d’un cran avec un avertissement sans concession : “Si vous ne remplissez pas votre mission, votre place est en prison, quel que soit votre grade.”
L’infiltration dans les camps militaires constitue une autre préoccupation majeure. Le général Kizimu a ordonné aux soldats de dénoncer toute présence suspecte : “Garder silence, c’est jouer le jeu de l’ennemi. Ces infiltrés peuvent se révéler demain nos pires adversaires.” Cette mise en garde fait écho aux violences persistantes dans l’est du pays, notamment à Bukavu et Goma.
Une pratique particulièrement visée : le vagabondage armé en tenue militaire hors service. “C’est interdit !”, a tonné le commandant de la 14e région. Des patrouilles conjointes armée-police traquent désormais ces militaires “en état d’errance satanique”, selon ses termes. Consigne stricte a été donnée : “Pas d’arme en dehors des heures de service. Laissez-les aux arsenaux.”
Cette fermeté répond directement aux instructions du président Tshisekedi. Lors du 46e conseil des ministres, le chef de l’État avait exigé une “riposte vigoureuse” contre les braquages à Kinshasa. Le vice-Premier ministre de l’Intérieur, le ministre de la Justice et le vice-Premier ministre de la Défense ont reçu mandat pour coordonner une action immédiate contre cette vague criminelle.
La répression des braquages s’organise donc sur deux fronts : traquer les bandits, mais surtout assainir les rangs des forces de sécurité. Le général Kizimu a lancé un ultimatum clair : “La sécurité de Kinshasa est entre vos mains. Débarrassez-vous des mauvais fruits parmi vous.” Cette purge interne déterminera-t-elle l’efficacité de la lutte contre le banditisme urbain qui mine la capitale ? L’avenir immédiat le dira.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd