La précarité s’est abattue sur des milliers de déplacés ayant fui les violents affrontements du 18 juin dernier entre les combattants Wazalendo et les rebelles de l’AFC/M23. Ces combats, survenus à Kateku dans le groupement Ikobo en territoire de Walikale au Nord-Kivu, ont déclenché un exode massif vers Misinga et le territoire voisin de Lubero. Arrivés sans rien, ces populations survivent désormais dans une détresse alarmante.
À Misinga, localité voisine de Kateku, le dénuement est total. Des familles entières dorment à la belle étoile, exposées aux intempéries. Seule une infime minorité a trouvé refuge dans des familles d’accueil, elles-mêmes fragilisées par des mois d’insécurité persistante dans cette zone du Nord-Kivu. « Nous avons tout abandonné en courant sous les balles », témoigne un notable local sous couvert d’anonymat.
La situation est tout aussi critique à Lubero où les nouveaux arrivants se heurtent à l’absence totale d’assistance humanitaire. Ces déplacés d’Ikobo viennent grossir les rangs de milliers d’autres, déjà présents et livrés à eux-mêmes depuis des semaines. Pour survivre, beaucoup sont contraints de travailler dans les champs des autochtones contre quelques poignées de manioc ou de haricots. Une stratégie de survie précaire face à une crise humanitaire Nord-Kivu qui s’aggrave de jour en jour.
Face à cette urgence, les leaders communautaires lancent un cri d’alarme. Ils exigent un dénombrement immédiat des déplacés Walikale par les autorités congolaises et les ONG internationales. « Sans recensement, aucune aide ciblée n’est possible », insiste un chef coutumier de la région. Leur crainte majeure ? Voir émerger des cas de malnutrition sévère dans les prochaines semaines parmi les enfants et les personnes âgées.
Les besoins sont criants : vivres, abris d’urgence, couvertures et kits sanitaires. Pourtant, malgré les appels répétés, aucune organisation n’a encore déployé de réponse structurée à Misinga ou à Lubero. Combien de temps ces populations pourront-elles tenir ? Les récentes tensions entre M23 et Wazalendo risquent-elles de provoquer de nouveaux déplacements ? Autant de questions sans réponses dans cette partie oubliée de la crise humanitaire Nord-Kivu.
Les notables locaux pressent Kinshasa et la communauté internationale d’agir avant le point de non-retour. « Si rien n’est fait d’ici quinze jours, nous enregistrerons des morts », prévient un pasteur de la région. L’heure est désormais au comptage et à la mobilisation des ressources pour une assistance Lubero et Walikale qui ne souffre plus aucun délai. Les affrontements M23 Wazalendo ont peut-être cessé, mais leurs conséquences humanitaires, elles, s’amplifient chaque heure un peu plus.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd