Kinshasa a été le théâtre d’une avancée stratégique majeure dans la lutte contre l’insécurité à l’Est de la RDC. Ce vendredi 20 juin, le lieutenant-général Banza Mwilambwe Jules, chef d’état-major général des FARDC, et son homologue ougandais, le général d’armée Muhoozi Kainerugaba, ont scellé un mémorandum d’entente révisé. Cet accord renforce la coopération militaire RDC-Ouganda dans le cadre de l’opération Shujaa, avec des implications directes sur la sécurité Ituri.
Le document acte un élargissement significatif du champ d’action des forces conjointes. Désormais, les territoires de Mambasa, Djugu, Irumu, Mahagi et Aru, tous situés dans la province troublée de l’Ituri, seront inclus dans le dispositif opérationnel. Cette extension répond à la mobilité croissante des groupes armés qui exploitent les frontières poreuses. Les Forces démocratiques alliées (ADF), principale cible désignée, continuent d’y perpétrer des massacres de civils et des attentats.
Lancée le 30 novembre 2021, l’opération Shujaa avait déjà enregistré des succès partiels selon l’évaluation conjointe de mai 2024. Plusieurs bases des ADF ont été démantelées. Mais les défis persistent. La nature montagneuse du terrain et la capacité des milices à se fondre dans la population civile compliquent les interventions. Le mémorandum FARDC-UPDF révisé tente précisément de contourner ces obstacles par une approche territoriale élargie.
Le texte prévoit deux innovations majeures. Premièrement, le maintien opérationnel de l’équipe conjointe de renseignement, considérée comme cruciale pour traquer les déplacements des insurgés. Deuxièmement, une mission de sécurisation conjointe des travaux de réhabilitation de l’axe routier Kasindi-Beni-Butembo. Cette infrastructure vitale, régulièrement attaquée, représente un enjeu économique et sécuritaire pour toute la région.
La lutte contre ADF entre ainsi dans une phase décisive. Les deux chefs militaires ont insisté sur l’objectif commun : protéger les populations civiles régulièrement prises entre deux feux. Mais jusqu’où cette collaboration renforcée pourra-t-elle endiguer la violence ? Le bilan reste mitigé malgré les efforts. Des centaines de civils ont péri depuis le lancement des opérations, et la pacification totale de l’Est semble encore lointaine.
L’extension des zones d’intervention soulève également des questions logistiques. Couvrir cinq territoires de l’Ituri exige des ressources humaines et matérielles considérables. Les FARDC et l’UPDF devront coordonner leurs déploiements dans un environnement géopolitique complexe. La réussite de cette nouvelle phase conditionnera la crédibilité future de la coopération militaire RDC-Ouganda.
Les observateurs notent que cette révision du mémorandum intervient dans un contexte sécuritaire toujours volatil. Si les ADF restent la cible prioritaire, d’autres groupes armés sévissent dans les territoires concernés. La réponse militaire pourra-t-elle être suffisamment différenciée ? L’efficacité des opérations Shujaa se mesurera à l’aune de la protection réelle des communautés rurales isolées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net