Le sol se dérobe littéralement sous les pieds des habitants de Mbinza Delvaux. À Ngaliema, une tête d’érosion vorace ronge depuis des années l’avenue Lalu, avalant maisons, souvenirs et vies humaines. « Nous avons perdu des membres de nos familles », lâche une riveraine, la voix nouée par le chagrin. Cette menace environnementale à Kinshasa vient enfin de voir des engins s’attaquer à son flanc ravageur, mais la population retient son souffle : les promesses non tenues du passé hantent encore les ruelles du quartier.
Les travaux tant attendus ont débuté sous la supervision de l’Office des voiries et drainage (OVD), cette institution clé dans la bataille contre les érosions en RDC. L’entreprise Aaron Sefu a entamé l’aplanissement de la zone, première phase d’un chantier titanesque qui nécessitera des moyens colossaux. Pourtant, ce début d’opération à Ngaliema ressemble à un sparadrap sur une plaie béante : comment croire que cette fois-ci sera la bonne alors que le ravin continue d’engloutir l’espoir des Kinois ?
Le prix humain est déjà lourd. Des dizaines de familles ont vu leurs habitations dévorées par cette faille grandissante, transformant l’avenue Lalu en frontière mouvante entre la vie et le danger. Pour sécuriser le périmètre, des démolitions préventives ont été réalisées, mais elles soulèvent une autre crise : « Où sont les indemnisations promises ? » s’interrogent les sinistrés, abandonnés dans un no man’s juridique. Ces travaux à Kinshasa laissent ainsi dans leur sillage un cortège de déplacés environnementaux, sacrifiés sur l’autel de l’urgence.
L’érosion à Ngaliema n’est pas qu’un problème local : c’est le symptôme d’une menace environnementale qui gangrène la RDC tout entière. Chaque jour d’inaction creuse un peu plus le fossé de la confiance entre les citoyens et les autorités. Les riverains lancent un cri du cœur aux responsables : « Mettez les moyens nécessaires pour achever ce chantier ! » Leur requête va au-delà du béton et des bulldozers ; c’est un appel à la dignité humaine face à la furie des éléments.
L’OVD RDC se trouve désormais sous les projecteurs. Sa capacité à mener à bien ces travaux déterminera si Kinshasa peut gagner sa guerre contre les érosions ou si l’avenue Lalu restera un symbole de lutte inachevée. La terre continue de glisser, emportant avec elle la patience des habitants. Combien de temps avant la prochaine catastrophe ? La réponse repose entre les mains des décideurs et dans l’efficacité des engagements pris. Une certitude demeure : le compte à rebours environnemental est enclenché.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: mediacongo.net