La session ordinaire de mars 2025 du Parlement congolais s’est achevée dans un contexte de défis multiformes, où le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a lancé un double appel pressant au gouvernement. Dans un discours aussi cinglant que programmatique, l’émanation des provinces a pointé l’incapacité persistante des autorités à juguler les crises sécuritaires et environnementales qui minent le quotidien des Congolais.
Le volet sécuritaire du discours a résonné comme un avertissement solennel : « Le Sénat soutiendra les efforts du Président Tshisekedi et du gouvernement pour ramener une paix durable dans l’Est agressé par le Rwanda via la rébellion M23 ». Cette déclaration, loin d’être un simple vœu pieux, soulève une question cruciale : jusqu’à quand la communauté internationale fermera-t-elle les yeux sur cette ingérence déstabilisatrice ? La paix dans l’Est du Congo reste un mirage tant que Kigali continuera son jeu trouble sous couvert de dénégations.
Sur le front social, le ton s’est fait plus acéré encore. Face aux inondations récurrentes à Kinshasa ayant causé 29 morts selon le dernier bilan, Sama Lukonde a fustigé l’improvisation des pouvoirs publics : « Ces phénomènes ne sont plus des fatalités mais le résultat d’une planification défaillante ». Les embouteillages monstres dans la capitale sont quant à eux qualifiés de « calvaire quotidien », symptôme d’une urbanisation anarchique et d’un laisser-faire institutionnel.
« J’exhorte le gouvernement à entreprendre des actions innovantes, courageuses et salutaires », a martelé le président sénatorial, exigeant des « mesures anticipatives » plutôt que des réponses curatives toujours tardives.
Les solutions proposées frappent par leur caractère systémique : modernisation des transports en commun, contrôle technique rigoureux des véhicules, et surtout – mesure phare – la décentralisation économique pour désengorger les centres urbains. Le vote récent de la loi sur l’aménagement du territoire pourrait-il être le tournant décisif ? Rien n’est moins sûr, tant les réformes ambitieuses butent souvent sur l’écueil de la mise en œuvre.
Cette interpellation intervient alors que les naufrages sur les fleuves congolais et les érosions menacent des milliers de vies. Le gouvernement saura-t-il transformer ce réquisitoire parlementaire en feuille de route opérationnelle ? La crédibilité de l’exécutif se jouera désormais sur sa capacité à convertir ces diagnostics sévères en politiques publiques tangibles. Car comme le suggère subtilement Sama Lukonde, gouverner ne se réduit pas à subir les catastrophes, mais à les anticiper.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd