Lubumbashi, épicentre du cuivre et du cobalt congolais, a vu se lancer ce jeudi 12 juin 2025 une initiative audacieuse pour transformer la gouvernance des ressources minières. Porté par le Centre Carter avec l’appui financier de l’Union européenne, le projet « démocratisation de la gouvernance du secteur extractif en RDC » entend briser le monopole des élites sur la manne minière grâce à un mécanisme inédit de contrôle citoyen.
Romain Ravet, Représentant Pays du Centre Carter, a planté le décor lors du lancement : « Le secteur extractif – mines et hydrocarbures – constitue le pilier de l’économie congolaise avec 25% du PIB, 46% des recettes fiscales et 98% des exportations. Pourtant, les déficits de gouvernance empêchent d’utiliser ces ressources comme levier de diversification économique et de développement humain durable. » Un paradoxe criant dans un pays détenant 70% de la production mondiale de cobalt et les deuxièmes réserves planétaires de cuivre.
Le diagnostic est sans appel : la gestion actuelle des richesses minières, confisquée par des cercles techniques et politiques, exclut les véritables propriétaires – les citoyens congolais. « Comment justifier que les populations ignorent la valeur créée par leurs propres ressources ? », interroge implicitement Ravet. La solution réside dans un triptyque : accès à l’information transparente, renforcement des capacités de la société civile et instauration de dialogues constructifs avec les autorités.
Le projet, fruit d’un partenariat stratégique avec le CENADEP et le CREFDL, ciblera en priorité le Sud-Est minier et le Kongo-central. Son architecture repose sur trois piliers : mobiliser la société civile pour un contrôle citoyen inclusif des revenus extractifs, créer des espaces de dialogue multi-acteurs et co-construire des réformes des cadres de gouvernance. Une approche participative visant explicitement à corriger l’asymétrie d’information entre décideurs et populations.
L’enjeu dépasse la transparence immédiate. La RDC, dotée de minerais critiques pour la transition énergétique, pourrait capter une part significative des 17 trillions de dollars d’investissements prévus par la Banque mondiale. Mais cette opportunité historique restera lettre morte sans une démocratisation effective de la gouvernance des ressources naturelles. Ce projet pionnier ouvre-t-il la voie à un nouveau contrat social minier ? La réponse se jouera dans sa capacité à transformer la supervision technique en reddition de comptes tangible pour les communautés riveraines.
La réussite de cette initiative conditionne aussi l’attractivité des investissements étrangers. Les bailleurs internationaux, dont l’Union européenne, scrutent désormais la traduction opérationnelle des principes énoncés. Car derrière les pourcentages macroéconomiques se cache une équation humaine : comment faire en sorte que chaque kilo de cobalt extrait du sol katangais se traduise par des écoles, des hôpitaux et des emplois durables ? Le défi du contrôle citoyen des mines vient d’entrer dans sa phase concrète.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd