Quand les armes se taisent, les voix des femmes congolaises peinent encore à se faire entendre autour des tables de négociation. Ce constat amer a dominé les échanges ce mercredi 4 juin à Kinshasa, lors d’un panel organisé par ONU Femmes et l’Ambassade de Belgique en RDC. « Nous portons le poids des conflits au quotidien, mais quand viennent les discussions de paix, on nous relègue au second plan », déplore une participante sous couvert d’anonymat, résumant une frustration partagée par de nombreuses Congolaises.
L’événement, axé sur la participation des femmes dans la résolution des conflits, a mis en lumière des barrières tenaces. Comment expliquer cette marginalisation persistante dans un pays où les femmes constituent pourtant l’épine dorsale des communautés ? Les intervenants ont pointé un triple obstacle : des normes socioculturelles ancestrales limitant leur parole publique, des mécanismes institutionnels peu inclusifs, et des menaces sécuritaires directes contre celles qui osent s’engager.
« L’inclusion des femmes ne relève pas du geste symbolique, mais d’une nécessité opérationnelle », a martelé un représentant d’ONU Femmes RDC. Les études le confirment : les processus de paix intégrant des femmes ont 35% plus de chances de durer. Pourtant, en République Démocratique du Congo, moins de 10% des négociateurs dans les pourparlers locaux sont des femmes. Un paradoxe criant dans un pays secoué par des décennies de violences où elles jouent pourtant un rôle de médiation informel décisif.
Le panel s’inscrivait dans la mise en œuvre de l’Agenda Femmes Paix et Sécurité, hérité de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU. Les échanges ont esquissé des pistes concrètes pour surmonter ces obstacles à l’inclusion des femmes : quotas contraignants dans les instances décisionnelles, formation spécifique aux techniques de médiation, et protection renforcée des activistes. « Sans sécurité, pas de participation effective », a souligné une membre de la société civile, évoquant le harcèlement subi par celles qui défient les normes établies.
La Belgique, partenaire historique de la RDC, a réaffirmé son soutien via des programmes ciblés. « Notre coopération intègre désormais systématiquement un volet genre dans les initiatives de consolidation de la paix », a précisé un diplomate présent. Cette synergie ONU Femmes Belgique RDC pourrait servir de modèle pour d’autres partenariats, à condition que les engagements se transforment en actions tangibles sur le terrain.
Derrière ces discussions techniques se profile un enjeu sociétal fondamental : peut-on bâtir une paix durable en excluant la moitié de la population ? Les conflits congolais se nourrissent justement des inégalités structurelles. En maintenant les femmes à l’écart des processus de décision, ne perpétue-t-on pas les racines mêmes des violences ? Le chemin reste long, mais ce panel aura eu le mérite de rappeler une évidence : la résilience de la RDC passera par l’écoute de toutes ses forces vives.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd