Les négociations autour du partenariat minier stratégique entre la République Démocratique du Congo et les États-Unis traversent une phase critique, alors que des voix s’élèvent des deux côtés pour réclamer davantage de transparence. Kinshasa, qui espère voir ce pacte accélérer la résolution du conflit à l’est du pays, doit désormais composer avec les inquiétudes exprimées par cinq membres influents du Congrès américain. Ces derniers ont officiellement interpellé la Maison Blanche, exigeant des éclaircissements sur les conditions d’accès aux ressources minières congolaises.
Dans une lettre adressée à Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique, les élus américains soulèvent des questions fondamentales sur la nature des discussions en cours. Que contiennent exactement ces négociations autour des minerais stratégiques de la RDC ? Leur missive pointe un manque préoccupant de clarté quant à la gestion future des richesses congolaises et met en garde contre de potentielles conséquences néfastes. Sans garanties solides, avertissent-ils, ce partenariat minier RDC-USA pourrait paradoxalement exacerber les conflits et la corruption, compromettant ainsi les espoirs de paix dans l’est du pays.
Cette interrogation transatlantique trouve un écho particulier en RDC où Jean-Pierre Okenda, chercheur spécialisé dans la gouvernance minière, s’interroge : « Quelles sont les prétentions réelles du gouvernement en termes d’offre aux Américains ? Quelles articulations précises régiront l’exploitation des ressources naturelles ? » Ces questions fondamentales restent sans réponse claire, alimentant les craintes d’un déséquilibre dans les négociations Congo États-Unis.
La mémoire du contrat chinois de 2008, souvent cité comme contre-exemple, plane sur les débats actuels. Okenda rappelle amèrement cet accord « minerais contre infrastructures » signé sous Joseph Kabila : « Le Congo y a perdu doublement. Non seulement les infrastructures promises ne se sont jamais matérialisées, mais l’accord s’est révélé profondément déséquilibré. » Cette expérience soulève une question cruciale : comment garantir que le nouvel accord minerais infrastructures évitera ces écueils tout en assurant un développement mutuellement bénéfique ?
Les parlementaires américains réclament désormais un briefing exhaustif couvrant non seulement les modalités d’accès aux ressources, mais aussi l’impact potentiel sur la Déclaration de principes signée entre Kinshasa et Kigali sous médiation américaine en avril. Leur demande inclut explicitement la prise en compte des dimensions humanitaires dans un contexte où le conflit est RDC continue de faire des ravages. Cette insistance reflète une préoccupation grandissante : les minerais congolais pourraient-ils, une fois de plus, alimenter des cycles de violence plutôt que la prospérité ?
La cellule stratégique créée par le président Tshisekedi pour piloter ces négociations se trouve ainsi sous double pression. Elle doit concilier l’urgence congolaise de sécuriser un allié puissant dans la résolution des crises orientales avec les exigences croissantes de transparence ressources minières. Les prochains jours s’annoncent déterminants, car les réponses apportées à ces interrogations légitimes pourraient bien sceller l’acceptabilité politique du futur partenariat tant à Washington qu’à Kinshasa. La crédibilité même de l’engagement américain en Afrique centrale pourrait se jouer dans cette équation complexe où ressources naturelles et stabilité régionale apparaissent inextricablement liées.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net