L’onde de choc traverse la scène musicale congolaise : Rebo Tchulo Guitar, dernier opus de la diva kinoise, peine à enflammer les cœurs. Comme un accord mineur dans une partition habituellement enjouée, ce single congolais détonne par sa réception timide. Douze jours après sa sortie, le compteur YouTube stagne à 177 000 vues – un murmure là où l’on attendait un tonnerre d’applaudissements pour cette habituée des succès viraux.
Dans les maquis de Kinshasa, le silence est éloquent. Guitar brille par son absence dans les playlists des nightclubs, ces temples habituels où résonnaient naguère les tubes de la star. Pourtant, depuis « Ninani », son ascension semblait irrésistible, chaque sortie déclenchant tempêtes de hashtags et défis TikTok endiablés. Que s’est-il donc passé pour ce single congolais promis à la gloire ?
Première piste : l’écrin trop discret de Def Jam Afrique. La signature avec ce label prestigieux avait soulevé des vagues d’espérance, mais la stratégie promotionnelle ressemble à une mélodie étouffée. Où sont les campagnes éclatantes, les collaborations médiatisées, ce marketing conquérant qui propulse d’ordinaire les artistes sur le devant de la scène continentale ? L’absence de teasing agressif et de présence remarquée aux grands événements kinois a-t-elle asphyxié la naissance de ce titre ?
La partition artistique elle-même interroge. Rebo Tchulo Guitar déploie une sonorité veloutée, un tempo apaisé qui contraste avec l’énergie électrique des précédents succès. Ce choix audacieux, s’il témoigne d’une maturation créative, aurait-il dérouté les Panthères – cette communauté de fans fidèles – habituées aux rythmes chaloupés et aux paroles provocatrices ? La voix envoûtante de Rebo, pareille à un instrument rare, se perdrait-elle dans cette nouvelle orchestration ?
L’ombre d’Innoss’B plane aussi sur cet échec musical RDC. La récente rupture avec le géant de la musique urbaine congolaise aurait-elle déclenché un boycott discret des Tigres, ces fans inconditionnels ? Certains murmurent sur les réseaux une guerre loyauté où les clans s’affrontent par streaming interposé. Simple coïncidence ou véritable tempête sous les crissements de guitare ?
Plus inquiétant : le lien distendu avec les Panthères fans. Où sont ces échanges enflammés sur les réseaux, ces apparitions complices dans la cité, ce dialogue musical qui transformait chaque sortie en fête partagée ? Dans l’ère numérique où l’artiste vibre au rythme de sa communauté, cette distance ressemble à une fausse note dans la symphonie relationnelle.
Pourtant, ne sonnons pas le glas trop vite ! Ce revers n’entache en rien le talent incontestable de la chanteuse, capable de porter haut les couleurs de l’afropop féminine. Peut-être ce single congolais marque-t-il simplement un virage nécessaire, une respiration avant le retour fracassant. Rebo détient encore la baguette pour inverser la mélodie : raviver la flamme avec ses Panthères, assumer pleinement ses choix sous l’égide de Def Jam Afrique, et surtout… réapprendre à danser avec son public.
Car la scène congolaise, exigeante et passionnée, attend toujours sa nouvelle reine panafricaine. Entre les héritages de Tshala Muana et l’audace contemporaine, la voie reste ouverte pour que Rebo Tchulo transforme cet échec en prélude d’un triomphe. L’Afrique tend l’oreille : saura-t-elle réaccorder sa Guitar pour faire vibrer tout un continent ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc