Dans un contexte où plus de 50% du Nord-Kivu reste sous contrôle rebelle, un événement éducatif inédit se déroule cette semaine : les épreuves hors-session de l’Examen d’État 2025 ont bel et bien démarré ce lundi 2 juin dans les territoires occupés par le M23. Comment expliquer cette trêve scolaire au cœur d’un conflit armé ? L’éducation serait-elle devenue le seul terrain d’entente entre belligérants ?
Le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Louis-Second Karawa, confirme cette coordination fragile : « Même dans les territoires occupés, les épreuves se passent là-bas. Nous avons envoyé le kit, et nos partenaires de l’UNICEF font le suivi ». Cette collaboration inattendue permet à des milliers de finalistes des zones de guerre de composer dans des conditions sécurisées, l’UNICEF assurant le déploiement des items et le monitoring sur place.
Au-delà de la logistique, une mesure sociale majeure accompagne cet Examen d’État 2025 en RDC : le gouvernement a intégralement pris en charge les frais de participation. Une décision cruciale pour les élèves déplacés dont les familles, souvent en situation d’extrême précarité, n’auraient pu assumer ces coûts. « Nous souhaitons une réussite totale à tous nos enfants », insiste le commissaire divisionnaire Karawa, exprimant un optimisme prudent sur le bon déroulement des épreuves scolaires dans le Nord-Kivu.
Cette organisation témoigne des défis complexes de l’éducation dans les zones occupées de la RDC. Si les armes se sont tues le temps des compositions, qu’adviendra-t-il après la remise des copies ? La communauté internationale, via l’UNICEF éducation Congo, joue ici un rôle d’intermédiaire vital, transformant les salles de classe en zones neutres temporaires. Mais cette parenthèse éducative soulève une question fondamentale : jusqu’où peut s’étendre la résilience du système scolaire congolais face à l’instabilité chronique ?
Alors que les correcteurs s’apprêtent à évaluer ces copies venues des fronts, une autre évaluation se dessine en filigrane : celle de la capacité des acteurs locaux et internationaux à préserver l’accès à l’éducation comme droit inaliénable, même en territoire contesté. Le succès de cette session hors-norme pourrait créer un précédent pour les futures éditions de l’Examen d’État dans les régions en crise.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net