Alors que les conflits armés continuent de secouer le Nord-Kivu, 69 000 élèves finalistes du secondaire ont courageusement entamé ce lundi les épreuves hors session de la 59ᵉ édition de l’examen d’État, édition 2025. Comment assurer l’éducation dans une zone en proie à l’insécurité ? Cette question cruciale trouve un début de réponse dans la mobilisation exceptionnelle observée au Complexe scolaire Museke de Beni, où le vice-gouverneur Louis Second Karawa a lancé officiellement ces examens décisifs.
Dans un contexte où chaque jour apporte son lot de défis sécuritaires, la détermination de ces jeunes Congolais force l’admiration. “Votre persévérance face à l’adversité est un exemple pour toute la nation”, a déclaré le commissaire divisionnaire Karawa lors de la cérémonie d’ouverture. Son message résonne particulièrement dans cette province où près d’un tiers des candidats sont des élèves déplacés internes, contraints de fuir leurs villages d’origine.
L’UNICEF Beni a joué un rôle pivot dans cette opération en garantissant l’acheminement sécurisé de toutes les malles contenant les questionnaires vers les trois provinces éducationnelles concernées. Cet appui logistique indispensable illustre l’importance des partenariats internationaux pour maintenir le droit à l’éducation en période de crise. Les autorités provinciales affirment avoir tout mis en œuvre pour que ces épreuves hors session 2025 se déroulent dans des conditions optimales, malgré les limitations imposées par le contexte sécuritaire.
La prise en charge des élèves déplacés représente un défi majeur relevé par la province éducationnelle Nord-Kivu 2. Son directeur, Norbert Bisimwa, explique : “Aucun enfant ne doit être pénalisé par les conflits. Nous avons identifié et intégré systématiquement les déplacés dans les centres d’examen de leurs zones d’accueil”. Cette mesure concrète permet à des milliers d’élèves dont le parcours scolaire a été brutalement interrompu par les violences de poursuivre leur scolarité.
Pendant douze jours, ces 69 000 candidats vont plancher sur les épreuves qui conditionnent leur avenir académique et professionnel. Leur résilience collective pose une question fondamentale : jusqu’où peut-on repousser les limites de l’éducation en contexte de conflit ? Si les défis restent immenses – sécurisation des centres, stress post-traumatique chez certains élèves, infrastructures parfois précaires – cette session d’examen d’État Nord-Kivu témoigne d’une volonté farouche de préserver l’école comme dernier rempart contre la fatalité.
L’éducation en conflit n’est pas une simple formule mais une réalité quotidienne pour ces adolescents qui, cahiers en main, défient les statistiques sombres. Leur combat silencieux pour le précieux diplôme d’État symbolise l’espoir têtu d’une génération déterminée à construire son avenir malgré les obstacles. Comme le souligne un enseignant de Beni sous couvert d’anonymat : “Quand nous voyons nos élèves étudier au son des armes, nous comprenons que l’éducation reste leur arme la plus puissante”. Un message d’espoir qui dépasse les frontières du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net