Le tribunal de paix de Makiso, dans la circonscription judiciaire de Kisangani (Tshopo), a prononcé vendredi 30 mai une condamnation sévère à l’encontre du pasteur Jules Mulindwa, représentant de l’église Cité de Refuge. Ce dernier a été reconnu coupable d’imputation dommageable, infraction relevant du délit de diffamation, et écope de douze mois de servitude pénale principale.
La procédure judiciaire trouve son origine dans une plainte déposée par Maître Patrick Mulimangombe, avocat inscrit au barreau du Haut-Uele. L’homme de loi accusait le responsable religieux d’avoir proféré à son encontre des injures publiques et commis des actes de diffamation portant gravement atteinte à son honneur professionnel. Tout au long de l’instruction, le pasteur Mulindwa n’a comparu à aucune audience ni désigné de représentant légal, laissant le tribunal statuer sur pièces.
Dans son réquisitoire, la juridiction a retenu la matérialité des faits diffamatoires, sanctionnés par l’article 74 de la loi congolaise sur la presse. Outre l’emprisonnement, le jugement ordonne le versement de 50 000 dollars américains – convertibles en francs congolais au taux du jour – à titre de dommages et intérêts au profit de la partie civile. Un mandat d’arrêt immédiat a parallèlement été émis contre le condamné, toujours en fuite à ce stade.
Maître Mulimangombe s’est exprimé à l’issue du verdict, soulignant la portée exemplaire de cette décision : « Ces propos ont jeté un discrédit permanent sur l’honneur de l’avocat. Dans une société où règnent abus et criminalité, rien ne peut fonctionner si de tels comportements demeurent impunis. Cette condamnation vise à décourager définitivement de tels agissements ».
L’affaire, jugée en première instance par le tribunal de paix de Makiso, illustre la fermeté croissante de la justice congolaise face aux délits de presse. La lourdeur des peines prononcées – combinant incarcération et réparation pécuniaire significative – interroge sur les limites de la liberté d’expression dans l’espace public congolais. Cette jurisprudence pourrait faire école dans la province de la Tshopo, où les contentieux liés à l’honneur et à la réputation professionnelle connaissent une recrudescence notable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net