Le Fonds de réparation des indemnisations des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO) s’apprête à concrétiser une avancée majeure dans le Bas-Uélé. Un accord a été scellé ce lundi 26 mai entre l’institution et les organisations de la société civile locale pour l’implantation d’un bureau opérationnel à Buta, chef-lieu de cette province frontalière marquée par les séquelles du conflit armé ougando-congolais.
Initialement programmée pour cette date symbolique, l’inauguration officielle a fait l’objet d’un report consensuel de quatorze jours. Ce délai, arrêté lors d’une réunion technique tenue à Buta, permettra le déploiement d’une vaste campagne de sensibilisation axée sur les mécanismes d’indemnisation. Les populations locales seront informées des procédures à suivre pour accéder aux réparations prévues par le cadre juridique du FRIVAO.
La période transitoire sera également consacrée à un recensement minutieux des dommages matériels et humains subis entre 1998 et 2003. Les experts mandatés procèderont à l’identification des infrastructures détruites et à l’évaluation des préjudices collectifs durant l’occupation ougandaise dans la province de Tshopo. Une tâche complexe tant les stigmates de cette période restent ancrés dans la mémoire collective.
Quel impact ce bureau pourra-t-il avoir sur le processus de justice transitionnelle ? Les responsables du FRIVAO soulignent que cette antenne locale permettra un traitement décentralisé des dossiers, rapprochant ainsi l’administration des victimes souvent éparpillées dans des zones reculées. Une approche territoriale destinée à faciliter l’accès aux indemnisations tout en documentant avec précision les réclamations légitimes.
La création de cette structure s’inscrit dans le cadre de l’arrêt historique de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 2022. Ce jugement avait condamné l’Ouganda à verser 325 millions de dollars américains à la RDC pour réparer les violations commises pendant la Deuxième Guerre du Congo. Le bureau de Buta constituera donc le relais opérationnel de cette décision judiciaire internationale au cœur d’une région directement affectée.
Les prochaines semaines s’annoncent déterminantes pour la crédibilité du dispositif. Les équipes du FRIVAO devront faire la démonstration de leur capacité à traiter les dossiers avec équité tout en garantissant une transparence absolue dans l’allocation des fonds. Un défi de taille dans une province où les attentes des victimes se heurtent souvent aux réalités administratives et politiques.
La phase préparatoire inclura des consultations avec les chefs traditionnels et les autorités coutumières, gardiens de la mémoire des exactions commises. Leur implication apparaît cruciale pour établir un inventaire fiable des pertes humaines et des biens communautaires détruits. Une collaboration nécessaire pour éviter toute contestation ultérieure du processus d’indemnisation.
À l’issue des deux semaines de travaux préparatoires, le bureau de Buta entamera officiellement ses missions. Son action se concentrera prioritairement sur l’instruction des demandes individuelles et collectives, tout en servant de centre d’archivage des preuves matérielles du conflit. Une étape incontournable vers la matérialisation des réparations ordonnées par la justice internationale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net