La Régie de Distribution d’Eau (REGIDESO) vient de dévoiler un plan d’envergure pour révolutionner l’accès à l’eau potable dans le Kasaï-Central. Avec un investissement estimé à plusieurs millions de dollars, ce projet structurant prévoit de doubler la capacité de production d’eau à Kananga d’ici 2026, répondant ainsi à une demande croissante dans une région où seuls 35% des habitants disposent actuellement d’un accès sécurisé à cette ressource vitale.
Au cœur de cette initiative : une nouvelle usine de traitement d’eau sur les berges de la rivière Lulua. D’une capacité de 85 000 m³ journaliers, cette infrastructure stratégique surpassera largement les installations existantes de Kanyuka (42 500 m³). « Cette usine constituera le poumon hydrique de toute la province », explique David Tshilumba Mutombo, directeur général de la REGIDESO, lors de la visite protocolaire de la Première ministre. Le projet intègre quatre composantes majeures :
- Une prise d’eau fl uviale de 110 000 m³ pour sécuriser l’approvisionnement
- Une centrale hydroélectrique dédiée, garantissant une distribution continue
- 500 km de réseaux de canalisation neuves desservant les six communes urbaines
- Six réservoirs tampons de 5 000 m³ chacun, stratégiquement positionnés
Ce chantier pharaonique, comparé par certains experts à « une transfusion vitale pour le tissu urbain kanangais », devrait résorber le déficit chronique en eau qui affecte près de 1,2 million de personnes dans la région. Les coupures récurrentes, parfois supérieures à 72 heures dans certains quartiers périphériques, appartiennent-elles au passé ? La réponse se niche dans les choix technologiques opérés.
La construction d’une centrale énergétique autonome mérite une attention particulière. En découplant la distribution d’eau de la fourniture électrique nationale – souvent défaillante –, la REGIDESO s’affranchit d’un risque opérationnel majeur. « C’est la garantie d’un service 24h/24, 365 jours par an », souligne un ingénieur hydraulique sous couvert d’anonymat. Une révolution pour une ville où les bornes-fontaines fonctionnent actuellement par intermittence.
Sur le plan économique, l’injection de capitaux dans ce projet pourrait générer un effet de levier significatif. Les 2 000 emplois directs annoncés durant la phase de construction, et les 500 postes pérennes créés, constituent un ballon d’oxygène pour le bassin d’emploi local. Plus structurellement, l’amélioration des conditions sanitaires – l’OMS estimant que 40% des maladies en RDC sont liées à l’eau – pourrait réduire de 18% les dépenses de santé des ménages selon une étude récente de la Banque Mondiale.
Reste la question du financement. Si la REGIDESO affirme avoir sécurisé les fonds nécessaires, des observateurs s’interrogent sur la part exacte des partenaires internationaux dans ce montage. Le projet s’inscrit néanmoins dans la droite ligne des Objectifs de Développement Durable (ODD 6), ce qui ouvre droit à des mécanismes de financement concessionnels. Une manne dont la province compte bien profiter pour impulser une dynamique socio-économique plus large.
Avec un taux de desserte qui devrait passer de 28% à 65% d’ici cinq ans, Kananga pourrait devenir un modèle de gestion hydrique urbaine en Afrique subsaharienne. Ce projet, s’il tient ses promesses, marquerait alors un tournant décisif non seulement pour le Kasaï-Central, mais pour l’ensemble de la RDC dans sa quête d’infrastructures durables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net