Dans l’éclat doré de la Croisette, sous les projecteurs du Festival de Cannes, une silhouette fragile mais déterminée a fait trembler les murs invisibles de la censure. « Un simple accident », œuvre clandestine née dans l’ombre des interdits, a reçu la Palme d’Or, récompense ultime décernée par un jury ému aux larmes. Porté par le souffle de la résistance, Jafar Panahi, réalisateur iranien emprisonné à plusieurs reprises par le régime de Téhéran, incarne plus qu’un cinéaste : un symbole.
Tourné dans la clandestinité, comme chacun de ses films depuis quinze ans, ce long-métrage dépeint avec une sobriété poignante les fissures d’une société étouffée. « Ceci n’est pas un film », murmurait-il déjà en 2011, enfermé dans son salon. Aujourd’hui, c’est sous les vivats cannois que l’artiste, porté par l’actrice Cate Blanchett, rappelle que le cinéma reste une arme : « Personne n’a le droit de nous dire ce que nous devons faire ou ne pas faire ». Sa voix, empreinte de lassitude mais vibrante d’espoir, résonne comme un défi aux autorités iraniennes.
Derrière cette victoire historique se profile l’ombre de Neon, distributeur indépendant devenu alchimiste des Palmes d’Or. Six années consécutives, de « Parasite » à « Anora », cette maison audacieuse transforme l’audace en or. Son pari sur Panahi soulève une question brûlante : le cinéma peut-il encore ébranler les régimes autoritaires ?
Sur la scise des récompenses, d’autres voix ont jailli. Nadia Melliti, révélation du film « La petite dernière », et Wagner Moura, électrique dans « L’agent secret », rappellent que le cinéma mondial pulse au rythme de combats intimes et collectifs. Mais c’est bien Panahi, annonçant son retour imminent à Téhéran malgré les risques, qui cristallise l’essence du septième art : miroir des peuples, ciseleur de libertés.
Dans les coulisses du festival, certains chuchotent : cette Palme serait-elle un appel à l’aide adressé à la communauté internationale ? Ou simplement le constat qu’aucune cellule ne peut emprisonner l’imaginaire ? Alors que l’Iran durcit sa répression culturelle, le geste de Cannes prend des allures de manifeste. Le cinéma comme acte politique, la caméra comme arme de résistance massive : Panahi, en poète obstiné, continue de filmer l’invisible. Et le monde, enfin, regarde.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net