Dans un contexte économique mondial marqué par des turbulences, la République Démocratique du Congo affiche une résilience remarquable. Lors de la 44ème réunion du conseil des ministres, Malangu Kabedi Mbuyi, gouverneure de la Banque Centrale du Congo (BCC), a dévoilé des indicateurs clés qui dessinent les contours d’une stabilité à toute épreuve. Avec un taux d’inflation annuel de 3,34% en recul de deux points par rapport à 2024, et une dépréciation maîtrisée du franc congolais à 0,1% sur les marchés officiel et parallèle, le pays semble naviguer avec agilité dans les eaux troubles de l’économie globale.
Comment expliquer cette performance ? La réponse réside dans la politique monétaire prudente de la BCC, combinée à une régulation stricte de la liquidité bancaire. « Le maintien des équilibres macroéconomiques découle d’une coordination efficace entre les instruments budgétaires et monétaires », a souligné la gouverneure. Une approche qui permet au taux de change de se stabiliser autour de 2 850 CDF/$ en interbancaire, malgré les pressions inflationnistes importées par la hausse des cours du pétrole (+8%), du cuivre (+2,5%) et du cobalt (+3,1%).
Cette discipline financière porte ses fruits : l’accord conclu avec le FMI sur la première revue de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) en témoigne. Après deux semaines de négociations à Kinshasa, la mission dirigée par Calixte Ahokpossi a salué les « avancées significatives dans la consolidation des réformes structurelles ». Un satisfecit qui ouvre la voie à des décaissements supplémentaires, cruciales pour soutenir les réserves de change actuellement évaluées à 5,2 milliards $.
Pourtant, l’équation congolaise comporte des variables inquiétantes. La légère remontée hebdomadaire de l’inflation à 0,14% rappelle la vulnérabilité aux chocs externes. Les analystes pointent un risque de surchauffe dans le secteur minier, moteur de 45% du PIB national, où la flambée des cours mondiaux pourrait alimenter une appréciation excessive du franc congolais. Un paradoxe qui questionne la soutenabilité du modèle économique actuel.
À moyen terme, les défis restent colossaux. La BCC devra maintenir son subtil équilibre entre stimulation de la croissance (projectée à 5,8% pour 2025) et containment de l’inflation. La réussite de l’accord FMI RDC dépendra de la capacité à réformer le secteur public, qui absorbe encore 62% des recettes fiscales. Comme le souligne un expert de la Banque Mondiale : « La stabilité actuelle n’est qu’un tremplin. Le vrai test sera de la transformer en développement inclusif ».
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd