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Édito de la semaine du 19 au 25 mai 2025 — RDC : la paralysie d’un État en crise multidimensionnelle

Le Congo traverse l’une des semaines les plus angoissantes de son histoire récente. D’un côté, la crise à l’Est explose : 28 millions de Congolais plongent dans l’insécurité alimentaire, la violence M23-Wazalendo s’intensifie, l’exode se poursuit. De l’autre, Kinshasa s’est transformée en arène politique où le duel Tshisekedi-Kabila, relancé par l’affaire de la levée d’immunité et la condamnation de Matata Ponyo, met en péril toute cohésion nationale. Sur fond de routes effondrées, de salaires impayés et d’épidémies, la nation tangue.

Jamais l’actualité congolaise n’a semblé aussi fragmentée, pourtant, un même fil rouge relie chaque dossier : l’incapacité de l’appareil d’État à répondre, coordonner et rassurer, alors que toutes les urgences semblent frapper de front.

À l’Est, la catastrophe humanitaire atteint des proportions inédites. Les nouveaux chiffres du PAM sont vertigineux : 28 millions de nos concitoyens en situation d’insécurité alimentaire, conséquence directe de la guerre M23-Wazalendo et des stratégies de siège (fermetures des banques, aéroports). La société civile tire la sonnette d’alarme — tentant en vain de réveiller un gouvernement paralysé entre appels d’ONG internationales, initiatives humanitaires du CICR et contributions symboliques. Les familles fuient, l’espoir s’effondre, les épidémies de choléra et mpox filent dans les camps de déplacés. Les routes — à Bandundu, Maniema, Tshopo — deviennent impraticables sous les déluges, aggravant l’isolement et l’inaction.

Pendant ce temps à Kinshasa, le bruit des armes laisse place à une tempête politique et judiciaire. Joseph Kabila, sous le coup d’une possible levée d’immunité pour trahison et crimes économiques, contre-attaque en accusant le pouvoir de sous-traiter la sécurité nationale, tandis qu’il dénonce l’asphyxie des provinces sous contrôle M23, pointant la fermeture d’institutions financières. Le procès Matata Ponyo, ses dix ans de travaux forcés pour détournement, accentue la perception d’une justice à double vitesse. À cela s’ajoutent des salaires impayés dans le secteur minier (SACIM, Maï-Ndombe), des grèves d’enseignants, et la révélation d’une « chute planifiée » des réseaux Kabila, entre affidés déchus et proches inquiétés.

C’est une véritable paralysie de l’État qui se dessine : un budget rectificatif en baisse, un gouvernement qui promet sans convaincre, et des institutions provinciales déstabilisées. Les grandes infrastructures patientent (autoroute Banana-Kinshasa, Corridor de Lobito), mais comment bâtir sans consensus national, ni confiance des populations épuisées par la faim et la peur ? Les appels répétés à « l’unité nationale » sonnent creux, car ils masquent la fuite en avant : la classe politique s’entre-déchire pendant que Goma sombre sous la loi de la jungle, et que la France et les États-Unis s’en inquiètent mais manquent d’actions décisives.

Face à cette crise multidimensionnelle, la société congolaise réclame davantage que des discours : des solutions fermes, une gouvernance inclusive, et un appel pressant à la responsabilité — tant des élites que des partenaires internationaux — pour sortir enfin du piège de la survie permanente.

L’heure n’est plus seulement à la dénonciation ou à l’arbitrage partisan, mais à une mobilisation sans précédent : il s’agit de refonder la capacité de l’État à défendre ses citoyens et à garantir l’intégrité du pays, tout en renouant les fils du vivre ensemble. Les Congolais veulent des actes : allocation d’urgence pour l’Est, justice crédible et impartiale pour les scandales politico-économiques, et restauration de la confiance entre les dirigeants et le peuple. Sinon, c’est la désintégration programmée de la RDC qui nous guette. C’est à nous, société civile, médias et lecteurs, de pousser les décideurs à rompre avec l’impunité, le clivage et la passivité. L’espoir n’est pas perdu, à condition d’agir ensemble et tout de suite.

— La Rédaction de CongoQuotidien

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