Dans un contexte de tensions politiques persistantes en République Démocratique du Congo, l’intervention médiatique de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, ce vendredi 23 mai, a jeté un pavé dans la mare des équilibres fragiles de Kinshasa. Diffusé simultanément sur plusieurs plateformes numériques, son discours – qualifié par certains observateurs de « retour stratégique » – propose une solution globale à la crise qu’il décrit comme une « décomposition systémique » de l’État.
Le ton mesuré mais ferme du président honoraire contraste avec les récentes prises de position du pouvoir actuel. En pointant une crise « profonde et multidimensionnelle », Kabila semble tendre un miroir critique à l’administration Tshisekedi. Sa proposition, bien que restant volontairement évasive sur les modalités pratiques, insiste sur la nécessité d’un « dialogue inclusif » et d’une « refondation institutionnelle ». Une rhétorique qui rappelle étrangement les appels au consensus national de sa propre présidence…
La charge la plus cinglante vise les décisions de Kinshasa concernant sa prétendue présence à Goma, zone sous influence du M23/AFC. « Lorsque les gouvernants confondent rumeurs et réalités géopolitiques, la nation trébuche », a-t-il lancé, dénonçant une « politique-spectacle » qui détournerait l’attention des « véritables enjeux sécuritaires ». Une allusion transparente aux récentes accusations gouvernementales liant l’opposition aux groupes armés de l’Est.
Ce retour médiatique calculé interroge : simple contribution citoyenne ou prélude à une reconquête du terrain politique ? Les métaphores martiales parsèmant son discours (« bataille décisive », « front de la renaissance nationale ») alimentent les spéculations. Certains y voient un testing de l’opinion publique avant les échéances électorales, d’hui un rappel à l’ordre adressé aux dissidents de son propre camp.
La réaction du pouvoir se fait attendre. Mais déjà, les réseaux sociaux s’embrasent : et si ce « plan de sauvetage national » masquait en réalité un jeu d’influence régionale ? La mention répétée de la « souveraineté menacée » et des « partenariats équilibrés » pourrait constituer une pique envers les récents accords militaires conclus par Kinshasa avec des puissances étrangères.
Reste que cette sortie relance le débat sur l’équation politique congolaise. En brandissant l’étendard de l’unité nationale tout en critiquant subtilement la gestion actuelle, Kabila positionne-t-il ses pions pour 2026 ? La réponse dépendra de la capacité du gouvernement à transformer ses promesses en réalisations tangibles… et à éviter les pièges des guerres de communication.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net