Kinshasa, épicentre de la modernisation douanière. La Direction générale des douanes et accises (DGDA) a lancé ce lundi 19 mai une session de formation de cinq jours sur le réseau CEN, outil clé de la lutte contre la fraude en RDC. Organisée à l’immeuble Reine de la Paix, cette initiative vise à optimiser la sécurité fiscale grâce à une maîtrise technique renforcée des systèmes de traçabilité.
Le Directeur général de la DGDA, M. Kabasele Musangu, a insisté sur le caractère stratégique de cette formation : « Le CEN n’est pas un simple logiciel, mais une arme de dissuasion massive contre l’évasion fiscale ». Avec huit modules axés sur l’analyse de données et la gestion prédictive des risques, le programme ambitionne de transformer les 200 participants en vigies de la transparence douanière.
Comment concilier contrôle renforcé et fluidité des échanges ? La réponse du formateur Ibrahim, Directeur du Bureau de Liaison de l’Afrique Centrale, fuse : « Le réseau CEN permet de remplacer les barrages routiers par des barrières numériques ». Une révolution méthodologique qui cible spécifiquement les fraudes transfrontalières, estimées à 12% des recettes fiscales annuelles selon la Banque centrale congolaise.
Les enjeux économiques sont colossaux. En 2023, les pertes liées à la contrebande minière et aux déclarations sous-évaluées ont frôlé les 600 millions USD. « Chaque point de pourcentage gagné dans l’efficacité douanière représente 45 milliards de CDF supplémentaires pour le Trésor public », précise un expert fiscal sous couvert d’anonymat.
Cette formation s’inscrit dans un plan plus vaste de digitalisation des services. Le réseau CEN, déployé depuis 2022 grâce à un partenariat avec l’OMD, agrège déjà les données de 78% des postes frontaliers. Reste un défi de taille : assurer l’alimentation régulière du système par des agents formés. « Sans données fraîches, même le meilleur radar devient obsolète », met en garde M. Kabasele.
Les impacts concrets se font déjà sentir. À Moanda, l’implémentation pilote du système a permis une hausse de 22% des recettes douanières au premier trimestre 2024. Preuve que la lutte contre la fraude en RDC passe par un savant dosage de technologie et de capital humain.
L’horizon 2025 se dessine avec ambition : généralisation du CEN sur l’ensemble du territoire, intégration blockchain pour les certificats d’origine, et création d’un observatoire régional des flux illicites. Un pari audacieux qui pourrait faire de la RDC un modèle de gouvernance douanière en Afrique centrale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
