La santé animale en République Démocratique du Congo (RDC) franchit un cap décisif avec l’appel pressant des syndicats vétérinaires à une mobilisation nationale. Lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa, le Dr Jean-Benoît Miziela, coordonnateur de la Synergie des syndicats des médecins et techniciens vétérinaires, a interpellé le gouvernement sur des enjeux clés : intégration de 500 professionnels dans la liste de paie nationale et renforcement de la campagne de vaccination des animaux contre les maladies zoonotiques.
Pourquoi cet appel urgent ? Les éleveurs congolais signalent une disparition inquiétante d’animaux domestiques, phénomène aux répercussions économiques directes. « L’élevage représente une ressource vitale pour des millions de familles », rappelle le Dr Miziela, soulignant l’impérieuse nécessité de protéger ce secteur. La RDC dispose en effet d’un potentiel halieutique et pastoral sous-exploité, fragilisé par des épizooties récurrentes.
Un laboratoire vétérinaire central en première ligne
Au cœur des revendications : la réhabilitation du laboratoire vétérinaire central, pilote historique de la production vaccinale locale. Ce centre détient non seulement l’expertise technique, mais aussi les souches vaccinales adaptées aux spécificités épidémiologiques du pays. « Sans cet outil stratégique, toute campagne massive reste vulnérable aux ruptures d’approvisionnement », explique le coordonnateur.
Le calendrier vaccinal national fait ici office de pierre angulaire. Son application rigoureuse permettrait d’immuniser durablement le cheptel contre des pathogènes émergents. Une question de santé publique autant qu’économique : 60% des maladies humaines connues ont une origine animale selon l’OMS. La lutte contre la rage, la grippe aviaire ou la brucellose exige donc une synergie intersectorielle.
Un budget à la hauteur des enjeux
Les professionnels réclament un soutien financier accru au ministère de la Pêche et de l’Élevage. « Les provinces encore touchées par des épizooties nécessitent des moyens logistiques décuplés », insiste le Dr Miziela. Concrètement ? Doter les équipes mobiles de matériel réfrigéré pour le transport des vaccins, former des agents communautaires, multiplier les centres de vaccination ruraux.
Cette escalade préventive s’avère d’autant plus cruciale que le changement climatique modifie les zones d’endémie. Les maladies vectorielles gagnent du terrain, menaçant aussi bien le bétail que les populations. Une étude récente de la FAO estime à 34% la baisse de productivité agricole en RDC liée aux pathologies animales non contrôlées.
Quelles pistes pour l’avenir ?
La solution passe par une approche intégrée :
- Renforcement des capacités diagnostiques via le laboratoire central
- Campagnes de sensibilisation des éleveurs sur les signes précoces d’infection
- Collaboration transfrontalière pour surveiller les flux d’animaux
« Vacciner, c’est protéger notre sécurité alimentaire et sanitaire », résume le coordonnateur. Un message qui résonne alors que 72% des protéines consommées en milieu rural proviennent de l’élevage familial. L’enjeu dépasse donc largement la sphère vétérinaire : il engage la résilience globale des communautés.
Reste à savoir si les autorités entendront cet appel. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui doit trancher : investir aujourd’hui dans la prévention, ou subir demain des crises sanitaires aux coûts exponentiels.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
