La gestion controversée de l’Office de Voirie et Drainage (OVD) à Kinshasa vient de connaître un rebondissement politique majeur. Victor Ntumba, directeur général de l’institution, s’est retrouvé mercredi dernier dans l’œil du cyclone lors d’une audition parlementaire tendue. Face aux députés menaçant de transformer la question orale en interpellation, le responsable a tenté de justifier l’état catastrophique des infrastructures : « 85% des voiries revêtues sont dans un état de délabrement avancé », a-t-il concédé, invoquant un manque chronique de moyens financiers.
Ces chiffres alarmants, révélateurs d’une crise infrastructurelle systémique, soulèvent une question cruciale : comment la capitale congolaise en est-elle arrivée à ce point de rupture ? La députée Dollie Tshilombo, à l’origine du débat, fustige une « gestion en mode survie » qui transformerait chaque saison des pluies en cauchemar urbain. Les élus dénoncent une combinaison explosive : interventions tardives, soupçons de détournements et travaux aux résultats éphémères.
Le discours de Victor Ntumba, teinté de fatalisme administratif, semble avoir heurté la sensibilité politique de l’hémicycle. « Quand un directeur général se présente les mains vides face à une crise de cette ampleur, ne devient-il pas lui-même un obstacle à la solution ? », interroge un parlementaire sous couvert d’anonymat. Cette audition révèle les fractures d’un système où la technostructure et le pouvoir législatif s’affrontent sur le terrain miné de la gestion urbaine.
Avec seulement 48 heures pour produire des réponses convaincantes, le DG de l’OVD joue désormais sa crédibilité – et peut-être son poste – sur un dossier qui dépasse largement le cadre technique. Les inondations récurrentes à Kinshasa ne sont plus seulement un problème d’assainissement : elles se muent en test décisif pour la capacité de l’exécutif à répondre aux urgences sociales. Certains observateurs y voient déjà les prémices d’une crise politique plus large, où la colère populaire face aux routes impraticables pourrait se muer en véritable onde de choc électorale.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Alors que les députés envisagent sérieusement le recours à l’interpellation, cette affaire pourrait marquer un tournant dans le contrôle parlementaire des institutions publiques. Reste à savoir si les prochains jours verront émerger des solutions concrètes ou simplement de nouvelles promesses, dans un dossier où le temps presse autant que l’eau monte dans les artères congestionnées de la capitale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
