La République Démocratique du Congo perd chaque année l’équivalent de 500 000 terrains de football en couvert forestier. Un hémorragie écologique que Kinshasa tente d’endiguer grâce au Tropical Forests Forever Facility (TFFF), initiative brésilienne au cœur d’un atelier national organisé du 19 au 21 mai. Trois jours cruciaux pour cet État qui abrite 60% des forêts tropicales du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète.
Le mécanisme du TFFF repose sur une équation simple mais révolutionnaire : chaque hectare de forêt préservé déclenche un paiement annuel. Une aubaine pour la RDC et ses 155 millions d’hectares de jungle menacée par l’exploitation illégale, l’agriculture sur brûlis et la pression démographique. « Notre biodiversité n’a pas de prix, mais elle a un coût », assène Benjamin Toirambe, Secrétaire général à l’Environnement. Son message claque comme un avertissement : sans financements internationaux, le pays ne pourra plus jouer son rôle de rempart climatique.
La ministre Ève Bazaiba martèle un impératif : « Les communautés riveraines doivent toucher les dividendes de cette conservation ». Un défi de taille dans un pays où 72% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le TFFF pourrait-il devenir une arme contre la déforestation ET la précarité ? Les experts du PNUD et du WWF, partenaires de l’atelier, plaident pour un modèle inclusif combinant surveillance satellitaire et projets agroforestiers.
Pourtant, des zones d’ombre persistent. Comment éviter que ces fonds ne soient détournés dans un pays classé 166e sur 180 à l’indice de perception de la corruption ? Quel mécanisme indépendant vérifiera le bilan carbone promis ? La réussite du TFFF dépendra de sa transparence – et de sa capacité à convertir l’urgence écologique en progrès social.
Aujourd’hui, chaque minute qui passe engloutit l’équivalent de 30 terrains de football en forêt congolaise. Le compte à rebours est enclenché. Le TFFF représente-t-il la dernière chance d’inverser la tendance ? La réponse se joue en partie dans les salles climatisées de Kinshasa, où décideurs et ONG tentent de sceller un pacte vert pour les générations futures.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net