23.2 C
Kinshasa
mercredi, mai 21, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéCrise humanitaire à Bandas Désert : 7 000 réfugiés centrafricains abandonnés à...

Crise humanitaire à Bandas Désert : 7 000 réfugiés centrafricains abandonnés à leur sort en RDC

« Ils dorment à même le sol, sans abri ni nourriture. Les enfants pleurent toute la nuit. » La voix de Léonard Mandaba, chef du secteur à Pandu, tremble en décrivant la détresse des 7 000 réfugiés centrafricains entassés dans le site de Bandas Désert, au Nord-Ubangi. Depuis décembre 2024, ces familles fuient les combats entre forces loyalistes (FACA) et rebelles de la Seleka en République centrafricaine (RCA), pour se heurter à une autre forme de violence : l’indifférence.

À Bosobolo, territoire frontalier de la RDC, le drame se joue en silence. Les organisations humanitaires brillent par leur absence, laissant ces exilés survivre sous des températures avoisinant les 35°C. « Les femmes accouchent dans des buissons, sans matériel médical. Les enfants boivent l’eau stagnante de la rivière Ubangi », dénonce un jeune enseignant local, requis l’anonymat.

Comment en est-on arrivé là ? Le conflit opposant les FACA aux factions de l’ex-Seleka a connu une recrudescence fin 2024, provoquant un exode massif vers la RDC. Mais contrairement aux précédentes crises, cette vague de réfugiés centrafricains semble oubliée. « Aucun registre officiel, pas de distribution de vivres, juste quelques bâches offertes par des habitants », explique Mandaba. Conséquence : des mouvements pendulaires dangereux entre les deux rives du fleuve, alimentant tensions et risques sécuritaires.

Le HCR avait pourtant tiré la sonnette d’alarme dès 2023 sur la vulnérabilité du Nord-Ubangi. Mais face à l’enchaînement des crises en RDC – des déplacés du Nord-Kivu aux inondations au Tanganyika –, cette nouvelle urgence passe au second plan. « Nous manquons de tout : médicaments, kits d’hygiène, moustiquaires », insiste une infirmière du centre de santé de Bosobolo, où affluent des cas de paludisme et de malnutrition aiguë.

Derrière les chiffres – 7 000 âmes selon les estimations locales – se cachent des destins brisés. Comme celui de Fatouma, 28 ans, rencontrée à la lisière du campement : « Les rebelles ont brûlé notre village. En traversant le fleuve, mon bébé de six mois est tombé de la pirogue. Personne n’a pu le repêcher. » Son récit rappelle cruellement que 60 % des réfugiés sont des femmes et des enfants.

Les autorités congolaises se retrouvent prises en étau entre solidarité régionale et réalités sécuritaires. « Sans enregistrement formel, comment distinguer civils et combattants infiltrés ? », s’interroge un officiel sous couvert d’anonymat. Une crainte qui alimente la méfiance des populations locales, déjà fragilisées par des années de conflits frontaliers.

La communauté internationale restera-t-elle spectatrice de cette tragédie ? Alors que le fonds humanitaire pour la RDC était financé à seulement 38 % en 2024 selon l’ONU, l’urgence à Bandas Désert met en lumière un système d’aide en crise. Entre les lignes de front et les oublis géopolitiques, des milliers de vies basculent dans l’ombre.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Derniers Appels D'offres