Dans un contexte marqué par des efforts soutenus de modernisation des institutions publiques, le Comité technique de suivi et évaluation des réformes (CTR) vient de publier un avis d’attribution provisoire de marché, suscitant à la fois espoirs et interrogations. Cette décision s’inscrit dans le cadre des réformes institutionnelles en République démocratique du Congo (RDC), visant à rationaliser les procédures de passation des marchés publics.
Un mécanisme clé sous la loupe des experts
Le CTR, organe pivot des réformes économiques congolaises, a enregistré ces six derniers mois une augmentation de 22% des dossiers traités selon des sources internes. Cette accélération intervient alors que le gouvernement tente de répondre aux critères des bailleurs internationaux exigant plus de transparence. L’attribution provisoire en question concerne un contrat d’approvisionnement en matériel informatique évalué à 1,8 million USD – montant symbolique mais stratégique dans l’optique de digitalisation des services étatiques.
Entre avancées structurelles et zones d’ombre persistantes
Si le processus d’attribution provisoire respecte formellement les nouvelles directives anti-corruption, certains observateurs pointent des paradoxes. « La publication tardive des rapports d’évaluation technique, intervenant seulement 72 heures avant la décision finale, crée un angle mort dans le contrôle citoyen », analyse un expert en gouvernance économique sous couvert d’anonymat. Cette pratique, bien que légale, contraste avec les standards internationaux préconisant une fenêtre minimale de 15 jours pour la consultation publique.
Impact économique et attentes sectorielles
Les réformes pilotées par le CTR ont permis une réduction de 40% des délais moyens d’attribution des marchés depuis 2021. Un progrès tangible, mais qui masque des disparités régionales criantes : les provinces minières du Haut-Katanga et du Lualaba captent à elles seules 68% des investissements publics validés. Cette concentration géographique pose la question de l’efficacité redistributive des nouvelles procédures, alors que 12 provinces sur 26 n’ont bénéficié d’aucun marché d’envergure cette année.
Perspectives : La digitalisation comme horizon incontournable
La mise en œuvre progressive de la plateforme électronique de gestion des marchés publics, prévue pour 2025, pourrait constituer un tournant décisif. Ce projet phare du CTR ambitionne de réduire de 60% les coûts de transaction et d’éliminer 85% des procédures papier d’ici 2026. Reste à savoir si ces innovations technologiques parviendront à juguler des pratiques clientélistes ancrées depuis des décennies. La prochaine évaluation trimestrielle du comité technique, attendue en octobre, apportera des premiers éléments de réponse.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
