La semaine s’annonce décisive pour l’échiquier politique congolais, tiraillé entre procédures judiciaires à haute tension et manœuvres diplomatiques régionales. Au cœur des turbulences : le sort de deux figures emblématiques, Joseph Kabila et Augustin Matata Ponyo, dont les immunités vacillent sous les coups de boutoir d’une justice accusée de servir des agendas inavoués.
Le Sénat congolais, théâtre d’une bataille procédurière sans précédent, doit statuer sur la levée d’immunité de l’ancien président Kabila. La saisine « en urgence » par l’auditeur général des FARDC, contournant les canaux habituels, soulève des interrogations sur l’indépendance des institutions. « C’est un test de maturité démocratique », souffle un parlementaire sous couvert d’anonymat, tandis que Laurent Onyemba, avocat de l’opposition, dénonce un « précédent juridiquement toxique ».
Dans le collimateur de la Cour constitutionnelle, Augustin Matata Ponyo risque quant à lui 20 ans de prison dans l’affaire Bukanga Lonzo. Les violations alléguées de l’article 107 de la Constitution relancent le débat sur l’instrumentalisation du droit pénal contre les opposants. La simultanéité des procédures contre ces ex-alliés de circonstance interroge : simple coïncidence ou purge calculée ?
À l’Est, la médiation du président togolais Faure Gnassingbé tente de désamorcer la bombe sécuritaire. Son optimisme affiché contraste avec les récentes accélérations géopolitiques. L’accord Washington-Kinshasa-Kigali, fruit de mois de négociations opaques, prévoirait un redéploiement des forces régionales sous supervision américaine. Un scénario qui suscite des réserves à Kinshasa, où certains y voient une ingérence déguisée.
La réunion secrète à Lomé, impliquant la CEEAC et des facilitateurs qataris, illustre la complexité des enjeux. Alors que le Qatar s’érige en médiateur surprise, les États-Unis semblent reprendre la main grâce à ce projet de paix inédit. Mais jusqu’où les partenariats trilatéraux pourront-ils contenir les vieux démons des Grands Lacs ?
Cette convergence de crises révèle les fractures d’un système à la croisée des chemins. Entre justice sélective et diplomatie à géométrie variable, la RDC semble hésiter entre règlements de comptes et recherche de stabilité. Les prochains jours détermineront si ces procédures judiciaires marquent l’avènement d’un État de droit – ou celui d’une justice aux ordres.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net