Face à des résultats scolaires en berne ces dernières années, une lueur d’espoir se dessine à Kindu, au cœur de la province du Maniema. Comment améliorer la qualité de l’éducation quand les épreuves certificatives révèlent des lacunes persistantes ? Les autorités éducatives viennent de miser sur un levier clé : la formation des gestionnaires scolaires.
Cette semaine, 147 chefs d’établissement de la sous-division urbaine de Kasuku ont suivi un atelier intensif sur la gestion administrative, pédagogique et financière des écoles. Une initiative inédite organisée à l’Institut de l’ENANO, répondant à un constat sans appel : « Le poisson pourrit par la tête », comme le souligne Jules Olanga, l’un des participants.
Un remède structurel contre l’échec scolaire
Le sous-Proved urbain Bernard Djunga Mashaka ne mâche pas ses mots : « Diriger une école ne s’improvise pas. Sans compétences en gestion des ressources humaines, suivi pédagogique ou planification budgétaire, comment exiger des résultats ? » Une question rhétorique qui résume l’enjeu de cette réforme éducative au Maniema.
Le programme de formation – qui prévoit deux à trois sessions annuelles – s’attaque aux racines du problème. « Nous devons d’abord outiller les capitaines pour qu’ils guident correctement leurs équipages », explique un formateur. Au menu : modules sur le leadership éducatif, techniques d’évaluation des enseignants et méthodes de remontée des indicateurs de performance.
Des premiers effets concrets sur le terrain
Parmi les participants, un enthousiasme mesuré. « Avant, je gérais mon école comme un commerce familial », confie un directeur d’école, sous couvert d’anonymat. « Maintenant, je comprends l’importance des tableaux de bord pédagogiques et de la redevabilité envers les parents ».
La ministre provinciale Marungu Useni y voit une transformation systémique : « L’objectif dépasse Kindu. Nous voulons des chefs d’établissement capables de piloter des réformes ambitieuses comme la gratuité de l’éducation de base ». Un défi de taille dans une région où certaines écoles fonctionnent sans manuels ni registres d’appel.
Et après ?
Reste la question cruciale du suivi. Les 147 formés sauront-ils appliquer ces méthodes sans accompagnement ? Le gouvernement provincial promet un dispositif de mentorat, tandis que des observateurs réclament déjà un baromètre annuel des résultats scolaires en RDC.
Une certitude émerge : à l’heure où le pays mise sur sa jeunesse pour son développement, ces formations ciblées pourraient bien constituer le premier maillon d’une chaîne éducative plus robuste. À condition que l’essai soit transformé.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net