Près de dix mois après l’incendie dévastateur qui a réduit en cendres la Centrale d’Achats des Médicaments Essentiels de Kisangani (CAMEKIS), les travaux de reconstruction ont officiellement débuté ce jeudi 15 mai 2025. Situé près de l’hôpital général de référence de Makiso, ce dépôt pharmaceutique, vital pour l’approvisionnement en médicaments essentiels dans la Tshopo et le Maniema, renaîtra sous la forme d’un bâtiment moderne de 505,40 m² étalé sur deux niveaux. Mais au-delà des murs, c’est tout un système de santé fragilisé qui espère se relever.
Rappelez-vous : dans la nuit du 5 août 2024, vers 4h du matin, les flammes ont consumé des stocks cruciaux de médicaments, privant près de 23 zones de santé de la Tshopo et une partie du Maniema de ressources médicales urgentes. « Cet incendie a créé une rupture dramatique dans la chaîne d’approvisionnement », a rappelé Madame Amisi Jeanne, représentante du conseil d’administration de la CAMEKIS, lors de la cérémonie. Un constat alarmant quand on sait que cette centrale approvisionnait des milliers de patients atteints de maladies chroniques ou infectieuses.
Le nouveau bâtiment, financé par la CAMEKIS asbl, intégrera non seulement un entrepôt sécurisé, mais aussi des bureaux administratifs, une salle de réunions et des espaces dédiés aux archives. Une architecture pensée pour optimiser la logistique, mais surtout pour éviter une nouvelle catastrophe. Car la question brûlante reste celle de la prévention : comment garantir que cet incendie, dont l’origine reste mystérieuse, ne se reproduira pas ? Les autorités provinciales ont lancé un appel ferme à la société ElK La Couronne, chargée des travaux, pour le respect strict des normes anti-incendie. Un impératif alors que Madame Amisi a déploré « l’insuffisance des dispositifs de prévention » malgré le soutien technique du Fonds mondial.
La présence du Gouverneur de province et des députés provinciaux à la cérémonie témoigne de l’enjeu national que représente cette reconstruction. Mais derrière les discours officiels, une inquiétude persiste : les dix mois de délai annoncés suffiront-ils pour combler le retard accumulé ? Et surtout, comment éviter que les populations vulnérables ne paient à nouveau le prix d’une gestion défaillante ?
En attendant, les acteurs de santé publique insistent sur l’urgence de renforcer les mécanismes de surveillance. « La leçon est claire : sans système de détection précoce et sans formation du personnel, aucun entrepôt n’est à l’abri », souligne un partenaire sanitaire sous couvert d’anonymat. Des propos qui résonnent comme un avertissement, alors que la RDC doit encore moderniser nombre de ses infrastructures critiques.
Si tout se déroule comme prévu, la nouvelle CAMEKIS ouvrira ses portes en mars 2026. Un symbole d’espoir pour des milliers de patients, mais aussi un test crucial pour les autorités : sauront-elles transformer cette reconstruction en modèle de résilience pour les autres dépôts pharmaceutiques du pays ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd