Dans un geste empreint d’humanité, le rappeur Baala a illuminé le quotidien des résidents du Home de Kintambo ce 14 mai 2025. Les larmes aux yeux, un pensionnaire serre contre lui l’enveloppe kaki reçue, murmurant : « Merci pour ce que tu as fait. Que Dieu te bénisse. » Une scène poignante qui résume toute la portée de cette visite inattendue.
Installé en France mais profondément attaché à ses racines congolaises, l’artiste a consacré deux heures à écouter les récits de ces 30 vieillards, dont certains n’avaient pas reçu de visite depuis des années. « À chaque retour à Kinshasa, je viendrai ici », promet-il, un engagement qui résonne comme un défi face à l’oubli social.
Une générosité qui interroge les priorités nationales
Si les réseaux sociaux ont salué ce « geste généreux à Kinshasa », d’autres voix s’élèvent pour questionner : pourquoi faut-il qu’un artiste établi en France se charge de rappeler l’urgence d’une prise en charge digne des aînés ? Le Home de Kintambo, comme bien d’autres structures en RDC, fonctionne avec des moyens dérisoires. Les lits usés, les médicaments rationnés, les regards perdus dans l’attente d’une attention fugace…
« Quand un rappeur congolais de France devient le symbole de la solidarité envers nos vieillards, que dit cela de notre société ? », interroge une travailleuse sociale sous couvert d’anonymat. Cette visite met en lumière un paradoxe criant : une jeunesse congolaise connectée, capable de mobiliser des fonds pour des causes internationales, mais dont l’engagement peine à se concrétiser localement.
Au-delà du coup médiatique : quel suivi ?
L’émotion légitime suscitée par cet événement ne doit pas occulter les enjeux structurels. Le ministère des Affaires sociales reconnaît lui-même que seulement 15% des personnes âgées dépendantes bénéficient d’un accompagnement adapté en RDC. « Baala a ouvert une porte, mais qui va s’engouffrer derrière lui ? », s’interrogent des observateurs.
Certains résidents du Home de Kintambo, comme Mama Léontine, 82 ans, voient dans cette initiative une lueur d’espoir : « Si chaque enfant du pays donnait ne serait-ce qu’un peu de son temps… » Une utopie ? Pas si sûr. L’engouement autour du #BaalaRDC sur Twitter montre qu’une prise de conscience est possible.
Reste à transformer l’essai. Entre les promesses politiques et la réalité du terrain, le fossé semble abyssal. Pendant que les autorités planchent sur des réformes, des initiatives citoyennes commencent à éclore. Des étudiants en médecine organisent des maraudes, des entrepreneurs locaux financent des repas… Autant de gouttes d’eau dans un océan de besoins, mais qui tracent une voie nouvelle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc