La révocation de Prospère Masamba Mampolo, chargé d’études au cabinet du gouverneur du Kongo-Central, vient de secouer les arcanes du pouvoir provincial. Un arrêté signé ce mardi 13 mai 2025 par Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo met un terme abrupt à la carrière de ce fonctionnaire, éclaboussé par une affaire de « sextape » qualifiée sans ambages d’« acte portant atteinte à l’honneur de la province ». Une décision qui, sous couvert de moralisation, interroge sur les contours de l’exemplarité dans l’espace public congolais.
Le gouverneur Bilolo, souvent présenté comme une figure intransigeante de l’éthique, brandit ici l’étendard de la probité. « L’immoralité ne saurait être le socle de notre gouvernance », pourrait-on imaginer dans les couloirs de Matadi. La sanction, aussi radicale soit-elle, s’inscrit dans une stratégie de communication politique aussi habile que risquée. En frappant un collaborateur direct, la cheffe de l’exécutif provincial envoie un message clair à ses pairs : la tolérance zéro n’est pas qu’un slogan.
Mais au-delà de l’effet d’annonce, cette affaire soulève des questions plus structurelles. Le gouvernement provincial parvient-il véritablement à concilier rigueur administrative et gestion des crises d’image ? Certains observateurs pointent du doigt un paradoxe : si la rapidité de la réaction est louable, ne risque-t-on pas de réduire l’éthique publique à une simple gestion de scandales médiatiques ? La « sextape », devenue arme de destitution massive, ne masque-t-elle pas des dysfonctionnements plus profonds ?
Le cas Mampolo révèle surtout les nouvelles règles du jeu politique local. Dans un Kongo-Central en pleine mutation, où les réseaux sociaux amplifient chaque faux pas, les autorités semblent contraintes de sacrifier des têtes pour préserver leur crédibilité. Une logique implacable qui pose cependant un dilemme : jusqu’où peut-on instrumentaliser la morale sans tomber dans le puritanisme contre-productif ?
Reste à savoir si cette révocation marquera un tournant décisif ou restera un épisode isolé. Le gouvernement Bilolo, en faisant de cet incident un exemple, prend le pari audacieux d’ériger l’éthique en marqueur de son action. Mais gare aux effets de miroir : dans une province minée par les défis socio-économiques, la chasse aux « immoralités » privées ne risque-t-elle pas de paraître déconnectée des urgences populaires ? La balle est désormais dans le camp des citoyens, seuls juges de cette nouvelle croisade morale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net