Dans un contexte marqué par une insécurité croissante dans l’Est du pays, la République démocratique du Congo (RDC) et le Fonds monétaire international (FMI) ont scellé un accord préliminaire crucial dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC). Cet accord, annoncé ce lundi, ouvre la voie à une révision triennale du programme économique congolais, malgré des tensions budgétaires exacerbées par les dépenses sécuritaires dans le Nord-Kivu.
L’économie congolaise, portée par un secteur extractif dynamique, affiche une croissance estimée à 6,5 % pour 2024. Un chiffre qui surprend par sa robustesse, alors que les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu subissent une escalade de violences. Mais comment la RDC parvient-elle à maintenir cette trajectoire de croissance malgré l’instabilité persistante ? La réponse réside en partie dans la résilience des industries minières, véritable colonne vertébrale des recettes nationales, mais aussi dans les ajustements budgétaires négociés avec le FMI.
Le recalibrage du programme FEC prévoit une hausse de 22 % de la mobilisation des recettes fiscales d’ici 2025, couplée à une compression de 15 % des dépenses non prioritaires. « Cette approche vise à créer un filet de sécurité sociale sans alourdir la dette publique, actuellement maintenue à 22 % du PIB », explique un analyste économique basé à Kinshasa. Les autorités s’engagent notamment à protéger les budgets alloués à l’éducation primaire et aux infrastructures sanitaires, qui représentent 12 % du budget global.
Cependant, l’éléphant dans la pièce reste la gestion des ressources du secteur extractif. Alors que ce dernier contribue à hauteur de 35 % aux exportations nationales, le FMI insiste sur l’urgence de renforcer la transparence dans l’octroi des permis miniers. Une réforme qui pourrait générer 500 millions de dollars annuels supplémentaires selon les estimations, de quoi financer partiellement les besoins sécuritaires estimés à 1,2 milliard de dollars pour 2024.
La balle est désormais dans le camp du Conseil d’administration du FMI, dont la validation finale interviendra en juin 2025. D’ici là, les observateurs scruteront deux indicateurs clés : l’évolution du taux d’inflation (actuellement à 9,8 %) et la capacité du gouvernement à contenir le déficit budgétaire sous la barre des 3 % du PIB. Le succès de cet accord FMI-RDC 2025 pourrait positionner le pays comme un laboratoire de résilience économique en zone de conflit.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd