Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont déclenché une course contre la montre dans les provinces du Haut-Uele et du Bas-Uele. Un ultimatum de 21 jours, expirant le 31 mai 2025, a été notifié aux éleveurs Mbororo pour leur cantonnement dans la localité de Nambia, au territoire de Niangara. Le général major François Mukalay Ngoy, commandant du secteur opérationnel Uele, a annoncé qu’une « opération de grande envergure » ciblerait les récalcitrants après ce délai.
Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre ces éleveurs nomades et les communautés autochtones. Présents depuis plusieurs années dans la région, les Mbororo – sous-groupe peul originaire d’Afrique de l’Ouest – sont accusés de dévastations agricoles et de menaces sur les aires protégées. Leur pratique du pastoralisme nomade, combinée à la détention d’armes, génère des conflits fonciers récurrents.
« Leur bétail anéantit nos récoltes. Nous vivons dans l’angoisse permanente », témoigne un habitant de Dungu sous couvert d’anonymat. Des propos corroborés par Emmanuel Arama Odingo Kiro, ministre provincial de la communication du Haut-Uele : « L’encadrement urgent de ces éleveurs est vital pour la sécurité alimentaire et écologique ».
Le site de Nambia, d’une superficie de 15 000 hectares selon des sources militaires, deviendrait le premier cantonnement officiel des Mbororo en RDC. Les autorités promettent un processus d’identification biométrique et la délivrance de titres de séjour. Mais cette mesure suffira-t-elle à apaiser les tensions ?
Des ONG locales s’inquiètent déjà des dérives possibles. « Le risque de stigmatisation est réel », alerte un responsable de la société civile à Isiro. Certains observateurs pointent également le calendrier électoral provincial, suggérant une instrumentalisation sécuritaire.
Les FARDC affirment pourtant agir dans le strict respect du droit congolais sur l’immigration. Des patrouilles conjointes avec la police de l’environnement ont déjà été déployées près du parc de la Garamba, où le braconnage et le pâturage illégal menacent la biodiversité.
Reste que l’opération annoncée soulève des questions logistiques et humaines. Comment cantonner des milliers de nomades en trois semaines dans une région au réseau routier délabré ? Quel sort pour les familles réfractaires ? Les réponses à ces interrogations détermineront l’issue de cette crise sécuritaire complexe.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net