L’hémicycle du Palais du Peuble a vibré ce lundi 12 mai sous le poids d’une double décision législative. Deux textes aux enjeux diamétralement opposés – sécurité alimentaire et stabilité immobilière – ont franchi la première étape parlementaire, suscitant autant d’espoirs que de questions sur leur mise en œuvre effective.
Portée par le député Venance Eyanga Mboyo, la proposition de loi sur la pêche et l’aquaculture se présente comme un rempart contre l’insécurité alimentaire. « Notre texte vise à combler un vide juridique qui permet actuellement le pillage de nos ressources halieutiques », affirme son auteur. Un discours volontariste qui contraste avec l’absence criante de moyens de contrôle dans les provinces lacustres.
Plus polémique, la réforme des baux à loyer défendue par Sosthène Maombi Katsongo promet une révolution dans un secteur miné par l’arbitraire. La modification de la loi de 2015 prévoit un encadrement strict des augmentations locatives, une mesure populiste à six mois des échéances municipales. Les propriétaires privés, déjà en alerte, dénoncent une « ingérence étatique contraire au droit de propriété ».
Le parcours législatif de ces textes s’annonce semé d’embûches. Renvoyées devant les commissions spécialisées pour un examen approfondi, les propositions devront résister à l’épreuve des lobbys agro-industriels et immobiliers. Le calendrier serré – quinze jours pour rendre les rapports – interroge sur la possibilité d’une étude sérieuse des impacts socio-économiques.
Dans l’opposition, on dénonce une manœuvre diversionniste. « Ces réformes tombent à pic pour détourner l’attention des derniers scandales de corruption », lance un député de l’UDPS sous couvert d’anonymat. Une critique qui résonne étrangement alors que le gouvernement tente de redorer son bilan social.
L’enjeu dépasse les clivages partisans. Avec 70% de la population congolaise dépendante du secteur informel de la pêche et des crises locatives récurrentes dans les centres urbains, ces textes pourraient constituer un tournant politique. Mais leur adoption définitive nécessitera des arbitrages délicats entre intérêts privés et bien commun.
La suite du processus législatif s’annonce comme un véritable test pour la majorité présidentielle. Parviendra-t-elle à imposer sa vision face à une société civile de plus en plus méfiante ? L’équation reste complexe : comment concilier modernisation économique et protection des plus vulnérables sans décourager les investisseurs ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net