Le grondement des moteurs a cédé la place aux cris de panique ce dimanche 11 mai à Kasangulu. Un camion-benne chargé de gravats, devenu projectile mortel, a transformé le carrefour animé de cette cité du Kongo-Central en scène de chaos. « Le chauffeur hurlait ‘les freins lâchent !’ avant de percuter tout sur son passage », raconte un témoin sous le choc, encore secoué par l’odeur âcre de l’essence brûlée.
Une trajectoire mortelle de 200 mètres
Selon Paulin Mibanga Lubo, administrateur du territoire, le drame trouve sa source dans les carrières de Moanda. Le poids lourd, sorti d’une exploitation locale, aurait entamé sa course folle près du pont de la rivière Lukaya. Avec son système de freinage défaillant, l’engin a d’abord fauché une Nova avant de zigzaguer sur 200 mètres. Au carrefour central, cinq vies s’éteignent brutalement sous les roues, dont deux réduites en cendres par l’incendie du réservoir percé.
Bilan macabre et questions brûlantes
Derrière les chiffres – cinq morts, dix-neuf blessés, trois véhicules détruits, des habitations effondrées – se cache une réalité implacable. Comment un camion en état de marche apparente peut-il devenir une arme de destruction massive urbaine ? Les riverains pointent du doigt la négligence des sociétés de carrières : « Ces camions défoncés nous tuent à petit feu », accuse une commerçante dont l’échoppe n’est plus que décombres.
Un triste refrain sécuritaire
Ce drame résonne comme un sinistre écho à l’accident de janvier dernier sur la RN1, où six personnes avaient péri dans des circonstances similaires. Chaque nouveau bilan relance le même débat : jusqu’à quand les routes du Kongo-Central resteront-elles des couloirs de la mort ? L’administrateur promet des « mesures urgentes », mais les familles endeuillées attendent plus que des mots. L’urgence sanitaire s’impose déjà : « Deux corps carbonisés nécessitent une inhumation immédiate », insiste Mibanga Lubo, face aux risques épidémiques.
Le cercle vicieux de la fatalité
Derrière chaque accident se cachent des choix politiques. Le trafic intense généré par les carrières de Moanda enrichit les caisses de l’État, mais à quel prix humain ? Les contrôles techniques fantomatiques, l’absence de zones de déviation pour poids lourds, la vétusté des infrastructures… Autant de bombes à retardement qui transforment les artères économiques en pièges mortels. La route, miroir d’une société qui roule vers le progrès sur des roues cabossées ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net