Une accalmie relative a été observée ce lundi 12 mai dans les villages de Remeka et Bukumbiriri, au Nord-Kivu. Cette situation contraste avec les violents combats ayant opposé, la veille, les rebelles du M23 aux groupes armés locaux PARECO/FF et Kifuwa-fuwa. Selon des sources locales, l’attaque lancée entre minuit et 8 heures du matin a provoqué un exode massif des populations civiles.
Les affrontements se sont concentrés dans les groupements d’Ufamandu 1 et de Kibabi, zones stratégiques de la chefferie des Bahunde. Des témoins décrivent des tirs nourris et des mouvements tactiques ayant duré près de huit heures. Les résidents ont fui vers les forêts avoisinantes avant un retour timide en fin de journée. À quoi ressemble désormais la vie dans ces villages meurtris ?
Les groupes Wazalendo maintiennent leur contrôle sur Remeka et Bukumbiriri, selon des notables interrogés. Cette présence armée locale suscite toutefois des interrogations quant à la pérennité de la trêve. Des checkpoints improvisés ont été signalés sur les axes menant à Goma, compliquant l’accès humanitaire.
Le bilan humain reste encore indéterminé. Aucune information officielle n’a filtré concernant d’éventuelles pertes civiles ou militaires. Les réseaux locaux de santé rapportent cependant des cas de blessés par balle et d’états de choc traumatique parmi les déplacés de Bukumbiriri.
Cette escalade s’inscrit dans un contexte plus large de tensions persistantes au Masisi. Le conflit de 2024 marque une recrudescence des activités de groupes armés historiques, malgré les opérations militaires récentes. Comment expliquer cette résurgence des violences dans une zone pourtant sous surveillance renforcée ?
Les analystes pointent du doigt les rivalités pour le contrôle des ressources minières et des axes commerciaux vers le Rwanda. Les villages de Remeka et Bukumbiriri, situés sur d’anciennes routes du coltan, représentent un enjeu économique majeur. Les Wazalendo, présentés comme des « autodéfenses communautaires », joueraient un rôle ambigu dans ce dispositif conflictuel.
Les organisations humanitaires s’alarment de l’impact sur les civils. Plus de 3 000 déplacés auraient cherché refuge dans des écoles et églises de la région. L’acheminement de l’aide reste compromis par l’insécurité persistante et le manque de corridors sécurisés.
Les autorités provinciales promettent une réaction « ferme et immédiate ». Pourtant, sur le terrain, aucune présence visible des forces régulières n’a été constatée. Cette apparente inertie alimente les critiques sur la stratégie globale de pacification du Nord-Kivu.
La communauté internationale observe la situation avec inquiétude. Des appels au dialogue ont été lancés, mais les factions en présence semblent privilégier l’option militaire. Combien de cycles de violence faudra-t-il encore endurer avant qu’une solution durable n’émerge ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net