Dans un contexte marqué par une succession de catastrophes, la Première ministre Judith Suminwa a rompu le silence dimanche soir. Entre les routes sanglantes du Kongo-Central et les eaux déchaînées du Sud-Kivu, le gouvernement tente de dessiner les contours d’une réponse d’urgence. Mais derrière les déclarations de solidarité se profile un test de crédibilité pour l’exécutif, confronté à la gestion simultanée de crises aux racines structurelles profondes.
À Kasangulu et Mbanza Ngungu, les accidents mortels rappellent cruellement l’état délabré des infrastructures routières. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant une réelle politique de maintenance ? Les promesses d’accompagnement des victimes sonnent comme un écho lointain face à l’absence chronique de mesures préventives. Le communiqué de la Primature évoque des « dispositifs d’aide d’urgence activés », mais reste muet sur les responsabilités dans ces drames évitables.
Plus à l’est, dans le territoire de Fizi, les inondations ont transformé des villages entiers en paysages lacustres. Les pluies torrentielles, bien que saisonnières, mettent en lumière la vulnérabilité de régions abandonnées à leur sort. Quand Judith Suminwa affirme « suivre de près la situation des sinistrés », on peut s’interroger : jusqu’où cette vigilance pourra-t-elle compenser des années de négligence dans l’aménagement du territoire ?
La nomination du Vice-premier ministre de l’Intérieur comme coordinateur des secours dessine une architecture de crise classique. Mais la « synergie avec les autorités locales » promise ressemble à un vœu pieux dans un pays où les compétences territoriales peinent à se matérialiser. L’envoi de vivres et de matériel médicial constitue une bouée de sauvetage immédiate, mais suffira-t-il à colmater les brèches d’un système défaillant ?
En brandissant la « mobilisation collective face aux défis climatiques », le gouvernement esquisse une stratégie de communication préventive. Mais ne s’agit-il pas là d’un écran de fumée pour masquer l’improvisation ? La promesse de « tirer les leçons de ces drames » résonne étrangement avec celles des administrations précédentes, souvent restées lettre morte.
Ces crises jumelles révèlent une équation politique complexe. Comment concilier réactivité d’urgence et planification à long terme dans un contexte de ressources limitées ? Les prochains jours diront si l’aide aux sinistrés du Kongo-Central et du Sud-Kivu parvient à dépasser le stade des annonces pour se concrétiser en actions durables. Le vrai test pour Judith Suminwa consistera à transformer l’émotion médiatique en réformes structurelles – un chantier autrement plus périlleux que la gestion de l’immédiat.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net