Lors de la 43e réunion du conseil des ministres tenue le 9 mai dernier, un projet stratégique a marqué les débats : l’exploitation des gisements de manganèse dans le territoire de Luozi (Kongo Central) par la société japonaise Asia Mineral Limited. Ce géant minier, classé septième exportateur mondial de ce minerai, prévoit d’investir dans une phase exploratoire dès mai 2025, avec une production annuelle cible de 2 millions de tonnes. Une initiative qui s’inscrit dans la politique de diversification des partenariats économiques prônée par Kinshasa.
Un partenariat Japon-RDC aux enjeux multiples
Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba Kapinga Mulume, a décrit ce projet comme un « levier puissant de transformation » pour l’économie nationale. Avec des réserves estimées parmi les plus importantes d’Afrique centrale, le manganèse – essentiel pour l’acier et les batteries électriques – pourrait repositionner la RDC sur l’échiquier des matières premières critiques. Le choix d’un partenaire japonais rompu aux technologies de transformation contraste avec les collaborations traditionnelles chinoises, signalant une réorientation géopolitique subtile.
Impacts économiques : entre promesses et défis
L’engagement d’Asia Mineral Limited prévoit non seulement l’extraction, mais aussi la valorisation locale du minerai. Le compte rendu ministériel évoque une « transformation territoriale » via la création d’emplois directs et l’émergence de sous-traitants locaux. Reste à savoir : comment ce projet s’articulera-t-il avec le code minier révisé de 2018, qui exige 10% d’actionnariat étatique dans les projets stratégiques ?
Un calendrier serré pour une province en mutation
La phase exploratoire démarrant en mai 2025 nécessitera un investissement initial évalué à plusieurs centaines de millions de dollars. Le ministre a plaidé pour « un accompagnement institutionnel accéléré », soulignant les besoins en infrastructures logistiques – notamment l’accès au port de Matadi situé à 150 km. Une problématique cruciale dans cette province dépourvue de réseau ferroviaire opérationnel.
Perspectives : vers une nouvelle cartographie minière
Avec ce projet, le Kongo Central rejoint le Katanga et le Lualaba dans le cercle des provinces minières stratégiques. Certains experts y voient une première étape avant l’exploitation des gisements pétroliers offshore, potentiel encore inexploité. La réussite de ce partenariat Japon-RDC pourrait servir de test pour attirer d’autres investisseurs asiatiques moins présents dans le secteur minier congolais.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
