À Matadi, le chaos routier est devenu le quotidien de milliers d’habitants. « Je perds trois heures par jour dans ces bouchons infernaux », témoigne Joseph Kabasele, chauffeur de taxi-moto, en désignant une file interminable de camions près du pont Caricom. Ce scène résume le calvaire d’une ville étouffant sous le poids de ses propres artères obstruées.
Le stationnement sauvage des poids lourds transforme les axes stratégiques en parkings géants. Sur l’axe Ango-Ango – hôpital Kinkanda, six mastodontes de la société Zengwei bloquent le passage depuis des jours. « Ces camions dorment ici comme s’ils étaient dans leur garage privé », s’insurge une commerçante locale, montrant du doigt des carcasses métalliques qui empiètent sur la chaussée.
Comment en est-on arrivé là ? Les entreprises pointent du doigt le manque criant d’espaces de stationnement. Congo Dihao et Afritrans, autres acteurs impliqués, utilisent la voie publique comme zone de dépôt temporaire. Résultat : des tronçons entiers comme la route Nkala-Nkala deviennent impraticables, au point que même les taximen refusent d’y circuler.
Le phénomène prend une tournure tragique près du centre de santé La Colombe. Un camion accidenté rouille sur place depuis janvier 2024, transformant ce secteur en piège mortel. « Deux accidents se sont produits ici le mois dernier à cause du rétrécissement de la route », révèle un agent de sécurité sous couvert d’anonymat.
Face à cette anarchie, les mesures municipales semblent bien dérisoires. L’interdiction de stationnement sur la voie publique, théoriquement en vigueur depuis 2023, reste lettre morte. La récente campagne de sensibilisation des autorités urbaines suscite plus de scepticisme que d’espoir. « On nous promet des solutions depuis des années, mais rien ne change », lance un habitant excédé près du rond-point RTNC.
Cette paralysie urbaine soulève des questions cruciales : jusqu’où peut aller la tolérance envers les entreprises qui privatisent l’espace public ? Les enjeux économiques justifient-ils l’asphyxie d’une ville entière ? Derrière les embouteillages monstres se cachent des défis plus larges : gestion urbaine défaillante, respect des réglementations, et équilibre précaire entre activités commerciales et droit à la mobilité.
Alors que Matadi aspire à se positionner comme plaque tournante du commerce en RDC, cette crise du stationnement menace directement son développement. Chaque jour perdu dans les bouchons représente un manque à gagner pour des centaines de familles. La solution passera-t-elle par la création urgente de parcs de stationnement réglementés ? Ou faudra-t-il durcir les sanctions contre les contrevenants ? Une chose est sûre : le temps presse pour cette ville portuaire dont les artères vitales se meurent sous le poids de l’improvisation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
