Le programme de gratuité de la maternité en République Démocratique du Congo franchit une étape décisive avec une couverture étendue à 14 provinces. Un effort conjoint entre l’État congolais et la Banque mondiale qui soulève toutefois des questions sur l’équité sanitaire dans un pays où 55% des structures médicales partenaires relèvent du secteur privé.
Sur les 519 zones de santé que compte le pays, 257 bénéficient désormais de ce dispositif révolutionnaire. « La sélection rigoureuse des établissements agréés vise avant tout à garantir des soins de qualité », insiste le Ministre Samuel Roger Kamba. Une approche qui interroge : comment éviter les disparités d’accès dans les régions non couvertes ?
Le financement annuel estimé à 200 millions USD révèle l’ampleur du défi. Avec seulement 42 millions USD initialement débloqués pour Kinshasa, le gouvernement a dû recourir à l’appui crucial de la Banque mondiale. « Sans ce partenariat stratégique, l’extension nationale resterait une utopie », reconnaît le ministre. Un modèle de coopération qui pourrait inspirer d’autres secteurs de la couverture santé universelle.
La priorisation de Kinshasa s’explique par des raisons démographiques et logistiques. Mais cette concentration initiale crée un risque de migration sanitaire observé au Kongo Central, où des mesures correctives ont été nécessaires. Une leçon précieuse pour les futures phases d’expansion.
Le mécanisme de sélection des centres agréés mérite attention : sur 4622 établissements participants, 45% seulement sont publics. Ce choix assumé soulève un paradoxe : comment concilier qualité des soins et accessibilité géographique quand plus de la moitié des structures privées sont lucratives ?
Derrière ces chiffres se profile une ambition présidentielle : faire de la gratuité maternelle le pilier d’une couverture santé universelle. Un premier pas vers les six engagements sociaux de Felix Tshisekedi, où la santé materno-infantile devient le laboratoire des politiques publiques inclusives.
Reste à résoudre l’équation financière. Avec seulement 55% du territoire couvert après cinq ans, le programme nécessitera 145 millions USD supplémentaires pour atteindre l’universalité. Un défi de taille que le gouvernement compte relever grâce à des « partenariats innovants » avec d’autres bailleurs internationaux.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd