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Accord RDC-Rwanda : Une paix fragile sous pression des intérêts miniers

Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda paraphent un nouvel accord de paix à Washington sous l’égide des États-Unis, les doutes persistent sur l’efficacité de ces engagements. Ce texte, signé en avril 2025, s’inscrit dans une longue série de tentatives avortées pour stabiliser l’Est congolais, région minée par des décennies de conflits armés et d’exploitation illégale des ressources minières. Mais pourquoi ces initiatives peinent-elles à transformer durablement le terrain ?

Le contexte historique pèse lourd. Depuis les années 1990, le Rwanda invoque la traque des génocidaires hutus pour justifier ses incursions en RDC. Un prétexte qui, selon les experts, masque une stratégie d’ingérence économique et militaire. Malgré les rapports accablants du Groupe d’experts des Nations Unies, documentant le soutien de Kigali aux groupes rebelles comme le M23, aucune sanction internationale d’envergure n’a été appliquée. Cette impunité persistante interroge : les intérêts géostratégiques primeront-ils toujours sur le droit international ?

L’accord actuel, bien que salué par certains diplomates, ressemble à un scénario déjà vu. « Ces signatures servent souvent de respiration tactique plutôt que de solution définitive », analyse un observateur sous couvert d’anonymat. Kinshasa, affaibli par des années de gestion chaotique, semble condamné à subir les agendas externes. Pendant ce temps, le Rwanda renforce discrètement ses partenariats économiques, notamment dans le secteur clé du cobalt, essentiel à la transition énergétique mondiale.

Derrière le théâtre diplomatique, une réalité économique s’impose : 70 % du cobalt mondial, minerai crucial pour les batteries électriques, provient de RDC. Cette manne attise les convoitises des multinationales et des États. « La paix dans l’Est congolais menace les circuits d’approvisionnement parallèles », explique une source sectorielle. Certains y voient la clé du silence complice de puissances occidentales face aux agissements rwandais.

Les populations locales, premières victimes de ce jeu d’échecs géopolitique, restent les grandes oubliées des négociations. Plus de 5 millions de déplacés survivent dans des camps insalubres, tandis que les milices contrôlent des zones minières stratégiques. « On signe des accords à des milliers de kilomètres, mais ici, les armes parlent toujours », témoigne un habitant de Goma sous pseudonyme.

La récente initiative britannique de transférer des demandeurs d’asile vers le Rwanda illustre un autre paradoxe : comment un pays accusé de violations répétées devient-il un partenaire migratoire privilégié ? Cette normalisation diplomatique contraste avec les alertes des ONG sur les atteintes aux droits humains.

L’avenir de cet accord dépendra de deux facteurs : la pression internationale réelle sur Kigali et la capacité de Kinshasa à imposer une gouvernance transparente des ressources. Sans mécanisme contraignant ni implication des communautés locales, cette paix promise risque de rejoindre au placard les précédents échecs. La RDC parviendra-t-elle enfin à transformer ses richesses en leviers de souveraineté plutôt qu’en sources de malédiction ?

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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