Le grondement des moteurs a une fois de plus cédé la place aux cris de détresse ce samedi 10 mai sur la route RPP 420. Près du pont enjambant la rivière Eti, entre Dungu et Niangara dans la province du Haut-Uele, une collision entre une moto surchargée et un camion a plongé toute une communauté dans le deuil. « C’était un choc violent. Le jeune garçon gisait là, immobile… Les secours ont mis trop de temps », raconte un habitant du coin, visiblement secoué.
Les faits remontent à 15 heures locales lorsque trois passagers – deux adolescents et un jeune adulte – circulaient à moto sur cet axe connu pour son trafic intense. Le camion, dont la vitesse et l’itinéraire font l’objet de l’enquête policière, aurait percuté le deux-roues dans des circonstances encore floues. Le décès instantané d’un mineur, le décès hospitalier d’un second blessé et l’état critique du survivant résument l’hécatombe routière qui endeuille régulièrement cette région.
Mais au-delà du drame individuel, cet accident mortel sur la route RPP 420 soulève des questions brûlantes. Pourquoi les collisions moto-camion se multiplient-elles dans le Haut-Uele ? Les règles de priorité sont-elles respectées sur ces axes où poids lourds et transports artisanaux se disputent le bitume ? Les habitants dénoncent une « course contre la mort quotidienne » sur ces routes dépourvues de signalisation adéquate.
La police locale, gardienne du camion impliqué, tente de reconstituer le puzzle : excès de vitesse, état du véhicule, éventuels défauts techniques. « L’enquête déterminera les responsabilités, mais chaque partie doit s’impliquer », explique sous anonymat un agent de la sécurité routière. Pendant ce temps, à l’hôpital général de Dungu, le troisième accidenté lutte pour sa survie, symbole vivant d’une jeunesse exposée aux dangers de la route.
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. En 2023, la Commission nationale de prévention routière avait alerté sur l’augmentation de 22% des accidents graves dans la zone Dungu-Niangara. Entre transports scolaires sur motos, convois miniers et flux commerciaux, la cohabitation devient explosive. « On réclame des radars, des contrôles techniques obligatoires, des campagnes de sensibilisation », martèle une association locale de victimes de la route.
La route RPP 420 concentre tous les maux : absence de bandes d’arrêt d’urgence, virages dangereux non balisés, et surtout une culture du risque ancrée dans les habitudes. Les conducteurs de motos-taxi avouent eux-mêmes contourner parfois les règles pour « maximiser les courses ». Quant aux chauffeurs de camion, ils évoquent des deadlines serrées imposées par leurs employeurs.
Alors que les deux territoires enterreront leurs morts dans les prochains jours, une question persiste : jusqu’à quand la RDC ignorera-t-elle l’urgence d’une réforme globale de sa politique routière ? Entre renforcement des infrastructures et changement des mentalités, le chemin vers la sécurité routière dans le Haut-Uele semble encore long. Mais chaque vie perdue rappelle cruellement que le temps presse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
